Le taupin est bien connu des jardiniers pour les dégâts occasionnés par sa larve (appelée communément « ver fil de fer »).
En effet, du fait du retour à des pratiques naturelles (les insecticides avaient eu raison de lui dans de nombreuses régions), mais aussi semble-t-il du réchauffement climatique, ce »ravageur » fait un retour en force dans les potagers naturels…
Vos jolis plants de salades flétrissent puis meurent rapidement, ceci peu de temps après la plantation ? La larve de taupin est peut-être responsable de ces dégâts… Mais il peut s’agir également de la louvette, ou encore de la larve du hanneton, ou ver blanc.
Ou alors, lors de la récolte, vous vous apercevez que vos pommes de terre sont perforées par des galeries… Là encore le ver fil de fer est probablement le « coupable » (Il ne fait en réalité que se nourrir, un droit pour tout être vivant…).
Avant de voir comment éviter, ou tout au moins limiter, les dégâts de taupins sur vos cultures, commençons par faire un peu mieux connaissance avec ce coléoptère.
Identification et mode de vie du taupin
Le terme « taupin » regroupe de nombreux insectes coléoptères, appartenant pour la plupart à la famille des élatéridés (comptant elle-même plus de 7 000 espèces).
Ceux causant des dégâts dans nos cultures appartiennent plus particulièrement au genre des agriotes.
Un genre comptant, en France, 14 espèces, dont 4 classées comme « nuisibles » : Agriotes lineatus (le taupin des moissons), Agriotes sputator, Agriotes obscurus, Agriotes sordidus (une espèce invasive, aujourd’hui prédominante dans le sud de la France).
Tout comme pour le hanneton, c’est la larve de taupin qui cause des dégâts au potager.
Cette larve, de forme allongée (de 0.5 à 2 cm selon l’espèce), bien que ressemblant à des vers, est munie de 3 minuscules pattes.
Elle est facilement reconnaissable grâce à sa couleur « jaune paille » et à sa carapace segmentée.
Les larves concernées ici se développent dans le sol (profondément) pendant 4 ans (excepté la larve d’agriotes sordidus dont le cycle dure moins d’un an) avant de se transformer en nymphe et d’émerger enfin, à l’état adulte, au printemps.
Redoutant le froid, mais aussi la sécheresse, ce n’est qu’au printemps et en fin d’été/début d’automne que les larves de taupins remontent en surface.
Et ce sont donc ces périodes qui sont à redouter pour nos cultures.
La spécialité du ver fil de fer, c’est alors de s’attaquer aux racines des plantes cultivés, ainsi qu’aux tubercules…
Ravages
Au potager, les larves vont particulièrement apprécier les salades, dont elles vont dévorer les racines (souvent juste en dessous du collet).
Le jeune plant de salade va rapidement flétrir et mourir. Nous verrons comment utiliser cette observation pour préserver au mieux nos cultures des dégâts engendrés par ces larves orangées.
Outre les salades, et bien que d’autres espèces puissent également être concernées, les attaques sur les systèmes racinaires concernent principalement les asperges et le maïs.
Les légumes racines peuvent aussi subir des dégâts conséquents, en général en début de développement. Cela concerne notamment les carottes et betteraves… Un peu moins les crucifères, comme les navets ou radis, du moins selon mes propres observations.
Il n’est également pas rare que les larves creusent des galeries dans les tubercules de pommes de terre. Là encore cette observation nous servira par la suite…
Prédateurs naturels du taupin
Les musaraignes, les carabes, les oiseaux ou encore les taupes sont les principaux prédateurs de larves.
Nous chercherons donc à exposer au maximum les vers fil de fer à ces animaux…
Mais il est justement maintenant temps de voir les méthodes naturelles pour préserver nos cultures des attaques de larves.
Comment se débarrasser du taupin en bio ?
Les dégâts engendrés par les larves de taupin ne sont pas une fatalité…
Des moyens naturels de protection sont à notre disposition. À commencer par des mesures préventives…
Mesures préventives contre le taupin
Commençons déjà par dire que la larve sévit plus particulièrement pendant les 2 ou 3 années suivant le retournement d’une pelouse, d’une terre en jachère ou en friche.
Aussi, en général, le problème finit par disparaître, ou tout au moins par s’atténuer considérablement.
Mais, après avoir mis en culture une nouvelle parcelle, il peut être judicieux de s’abstenir de cultiver des cultures qui y sont sensibles pendant ce laps de temps.
Intégrez, dans votre plan de rotation, des cultures peu propices à la ponte de cet indésirable : choux, pois, radis, haricots verts et engrais verts (moutarde, luzerne).
Évitez les apports de fumier frais ou mal décomposé, fortement apprécié de ce ravageur.
Notons également que cette charmante petite bête n’aime pas trop le calcaire. Aussi, dans un sol acide, il pourra être opportun de chercher à relever quelque peu le PH. Par exemple avec des apports de lithothamne.
Au printemps, avant vos plantations, des arrosages sur le sol avec du purin de fougères (recette présentée dans Mon Potager au Naturel) agiraient également comme répulsif.
Des cultures diversifiées, des haies constituées d’espèces variées, le respect de la vie du sol, la création d’une mare… constituent autant de moyens favorables à la diversification de la vie animale et donc à la présence de prédateurs naturels.
Favoriser un maximum la biodiversité au sein de votre jardin est donc déjà, et comme toujours, un moyen de protection des plus efficaces.
Exposez les larves de taupins
Comme nous l’avons vu, les larves de taupin ont quelques prédateurs naturels (musaraignes, carabes, oiseaux, taupes).
Les vers fil de fer n’apprécient pas non plus les rayonnements du soleil…
Aussi, par temps sec et ensoleillé, griffez le sol. Ceci afin d’exposer les œufs et larves aux rayonnements du soleil, ainsi qu’à leurs prédateurs naturels.
Le piégeage des vers fil de fer
Piégez le ver fil de fer, avant vos plantations, en enfonçant dans le sol des tranches de pommes de terre. Ça marche également avec des betteraves ou des carottes.
Si des larves sont présentes dans les environs, elles vont être fortement attirées…
Regardez ces morceaux de légumes tous les 2 ou 3 jours et éliminez les larves qui s’y trouvent.
Le ramassage systématique des larves de taupin
Dans le même ordre d’idées, lorsque vous voyez une salade flétrir, une larve est probablement en train de dévorer sa racine…
Déterrez sans attendre le plant (il est de toute façon fichu). Et recherchez le coupable avant qu’il ne s’attaque à une autre plante… Si vous avez réagi assez vite, la larve se trouve encore au niveau du collet ou dans la terre environnante.
Les vers fil de fer passent très rapidement d’un plant à un autre…
Ce ramassage systématique est donc à mon avis impératif pour limiter les dégâts.
Voyez ma petite vidéo sur la louvette (les dégâts et la façon de procéder sont identiques) :
Disons enfin que l’on trouve dans le commerce des nématodes spécifiques pour les taupins… Je ne cautionne personnellement pas ce type de solutions, car source de nouveaux déséquilibres.
À vos claviers !
Vous avez des questions, des observations sur ce sujet, ou mieux encore, des techniques efficaces (mais naturelles, bien sûr) à partager ?
Merci de le faire dans les commentaires ci-dessous…