Lorsque j’exerçais professionnellement, il m’est arrivé d’être complètement débordé… négligeant de tailler les tomates (enfin, une partie des plants).
J’ai ainsi rapidement pu constater que, contrairement à ce que l’on m’annonçait, ces plants non taillés produisaient très bien, voire beaucoup plus que les plants taillés, et qu’ils résistaient mieux aux attaques du mildiou.
J’ai donc ensuite systématiquement taillé une partie des plants de tomates, et laissé une autre partie se développer naturellement…
Et, suivant en cela un principe essentiel en permaculture (l’observation), j’ai comparé.
Le résultat, au bénéfice des plants non taillés, fut sans appel, et depuis maintenant quelques années. Tailler les tomates ne fait plus partie de mon vocabulaire (et encore moins de mes actes).
Mais alors, pourquoi la majorité des jardiniers taillent-ils leurs plants de tomates ?
Pourquoi tailler les tomates ?
Les arguments en faveur de la taille des tomates ne manquent pas :
- Les gourmands pomperaient toute la sève, au détriment des fruits ;
- La production serait plus importante ;
- Un plant taillé produit plus vite ;
- Les plants de tomates taillés portent des fruits mieux calibrés ;
- La taille limiterait les risques de mildiou (grâce à une meilleure aération).
Seulement voilà…
Si un ou deux de ces arguments peuvent être confirmés (au moins en partie) par une observation concrète, c’est loin d’être le cas pour la majorité d’entre eux.
Mais je vous montre cela en vidéo :
Pourquoi je ne taille plus les tomates ?
Commençons par parler des soi-disant « gourmands »
Commençons par mettre les choses au point : les branches (celles naissant à l’aisselle des feuilles) que nous appelons gourmands sur un pied de tomates, ne sont pas véritablement des gourmands.
Par définition, le gourmand est une pousse ne produisant pas de fruits…
Or, si vous laissez pousser ces « gourmands » sur un plant de tomates, vous constaterez qu’il produit bien !
Tailler les tomates pour produire plus (le premier argument des adeptes de la taille) ne tient donc pas la route…
Plus on laisse de branches (« gourmands » compris), plus il y aura de fruits…
Alors, la taille des tomates permet-elle une production plus importante ?
C’est grâce à la photosynthèse qu’une plante se développe…
En ne taillant pas, on a beaucoup plus de surface foliaire (grâce aux faux-gourmands que l’on aura conservés), et donc une photosynthèse plus importante.
Cette dernière permettant un meilleur développement.
Et surtout, il est incontestable qu’un plant non taillé aura produit, en fin de saison, beaucoup plus qu’un plant taillé (2 à 3 fois plus, soit des rendements pouvant atteindre plus de 15 kg par pied… contre 3 à 5 kg sur un plant taillé… selon mes propres constats).
Ne pas tailler les tomates entraîne-t-il un retard de production ?
On conseille également de tailler les tomates pour avoir une production plus rapide.
Alors, certes, la taille hâte quelque peu la maturation des fruits… de quelques jours, sans doute grâce une meilleure luminosité en début de production.
En ne taillant pas, on va donc perdre quelques jours pour le début de production.
Mais, sur un plant taillé, la meilleure luminosité des débuts aura ses effets négatifs en plein été : les fruits sont trop exposés au soleil, et risquent de brûler… Alors qu’avec une végétation luxuriante, ils en sont protégés.
Les plants de tomates non taillés sont-ils mal calibrés ?
Sous l’influence de l’industrie agro-alimentaire, les professionnels ont commencé à tailler avec pour objectif affiché un meilleur calibrage.
Le calibre des fruits, est peut-être un peu plus régulier sur un plant taillé (Bon, c’est pour faire plaisir aux adeptes de la taille que je dis cela… Car je n’en suis pas franchement convaincu).
Mais d’ailleurs, est-ce que cela a un intérêt quelconque pour un jardinier amateur ???
En tout cas, personnellement, je me fiche complètement d’avoir certaines tomates plus petites que d’autres. Pas vous ?
Les plants de tomates non taillées sont moins sensibles au mildiou…
La taille, en favorisant une meilleure aération de la ramure, limite la propagation de maladies telles que le mildiou. C’est incontestable.
Mais on parle bien ici de limiter la propagation d’une maladie, dont on aura en fait favorisé l’entrée en infligeant des plaies, véritables portes d’entrée pour ces maladies.
N’est-il pas plus judicieux de ne pas permettre à cette maladie de s’introduire dans la plante ?
Un plant non taillé n’aura pas de plaies… Et je n’ai pu que constater, au fil des années de comparaison, que les plants non taillés étaient moins sujets au mildiou…
Alors, faut-il tailler les tomates ou non ?
Bien que les conclusions soient sans appel chez moi, je ne peux que vous conseiller d’expérimenter chez vous : le sol et surtout le climat auront une incidence certaine…
Et lorsqu’il m’est arrivé d’évoquer ce sujet, certains m’ont signalé que chez eux, souvent plus au nord que moi-même, les tomates avaient du mal à mûrir sur des plants non taillés (la richesse du sol peut aussi être en cause, car évidemment, un plant non taillé se développant plus, aura besoin de plus de nutriments…).
Pourtant, des Belges par exemple ne taillent pas… et tirent les mêmes conclusions que moi-même…
On peut donc penser que la fertilité de la terre, un principe de base en permaculture, jouera un rôle prépondérant en cas de non taille.
En effet, une terre suffisamment fertile (vous aurez apporté des matières organiques régulièrement et couvert le sol de votre potager dans cet objectif) sera apte à apporter les éléments nutritifs nécessaires à une bonne fructification.
La non-taille a toutefois un inconvénient : la végétation devient vite exubérante et difficile à maintenir en place…
Vous n’êtes pas convaincu(e) ?
Allez, je suis sympa, voici une vidéo vous montrant comment tailler les tomates (je partage la recommandation de la dame concernant la suppression des feuilles du bas, en contact avec le sol, mais je ris bien quand j’entends qu’il faut « enlever les gourmands qui mangent toute l’énergie du plant »… L’énergie d’une plante, c’est avant tout grâce à la photosynthèse, madame ! Bon, je grince carrément des dents quand elle parle de bouillie bordelaise…)
Tomates non taillées : une cage pour les maintenir
La meilleure solution pour maintenir les plants de tomates non taillés est de confectionner une cage.
Ce que je fais depuis peu…
J’utilise pour cela du grillage à larges mailles (au moins 10 cm x 10 cm) pour que les branches puissent sans problème traverser le grillage, mais aussi pour pouvoir y passer la main et récolter les tomates se trouvant à l’intérieur de la cage.
Ces cages sont soit individuelles (un seul plant de tomates par cage), soit regroupant plusieurs plants les uns à côté des autres.
Il est évidemment tout à fait possible de confectionner des cages plus esthétiques (par exemple en tressant des branches d’osier).
Pour des cultures saines, cliquez ici
Et vous-même, taillez-vous ou non vos plants de tomates ? Quelles conclusions en tirez-vous ? Dites-nous tout dans les commentaires ci-dessous…