Le phosphore est un élément essentiel pour la santé et la croissance des plantes. Au jardin, il joue un rôle primordial dans le développement des racines, la floraison et même la production de fruits.
L’objectif de cet article est de mettre en avant ses bienfaits afin que vous fassiez en sorte que la terre de votre jardin soit correctement pourvue en phosphore… Et donc finalement constamment enrichie par des apports de matières organiques. Car, comme nous le verrons plus loin, la terre d’un potager naturel correctement amendé ne manque normalement pas de phosphore…
Mais commençons déjà par explorer ensemble les bienfaits de cet élément pour les plantes et le sol.
Importance du phosphore pour la croissance des plantes
Rôle fondamental du phosphore dans le métabolisme végétal
Le phosphore (le P de la trilogie NPK figurant sur les sacs d’engrais) est un nutriment essentiel pour les plantes.
Ce minéral joue un rôle clé dans la photosynthèse, le processus par lequel les plantes convertissent la lumière du soleil en énergie. En effet, le phosphore est un constituant fondamental de l’ATP (adénosine triphosphate), la molécule énergétique qui alimente toutes les réactions biochimiques au sein des cellules végétales.
Sans un apport suffisant de phosphore, les plantes se retrouvent dans une situation similaire à celle d’un moteur sans carburant, incapable de fonctionner efficacement.
A contrario, des niveaux adéquats de phosphore dans un sol favorisent la croissance des plantes et permettent d’augmenter les rendements de manière significative.
Impact sur le développement des racines et la floraison
Le phosphore est notamment indispensable au bon développement des racines des plantes.
Il agit tel un guide, orientant les racines vers les zones riches en nutriments et en eau. Or, des racines saines et bien développées permettent aux plantes d’extraire davantage d’éléments nutritifs du sol, assurant ainsi leur survie et leur prospérité.
De plus, le phosphore joue un rôle déterminant dans la floraison et la fructification. Les plantes bien alimentées en phosphore ont effet tendance à produire des fleurs plus abondantes, et des fruits de meilleure qualité. Imaginez un jardin en pleine floraison, où chaque plante exhibe ses fleurs avec éclat, attirant pollinisateurs et offrant une profusion de couleurs. C’est le résultat d’une nutrition adéquate, dont le phosphore est un acteur majeur.
Effets du phosphore sur la résistance aux maladies
En plus de favoriser la croissance et la floraison, le phosphore renforce également la résistance des plantes aux maladies.
Un sol riche en phosphore permet aux plantes de développer des murs cellulaires plus robustes, les rendant moins vulnérables aux attaques de pathogènes. Par exemple, des recherches ont démontré que les plants de tomate bénéficiant d’une fertilisation appropriée en phosphore étaient significativement moins touchées par le mildiou.
Effets du phosphore sur la santé des sols
Rôle fondamental du phosphore dans les écosystèmes
Le phosphore est un élément crucial pour la santé des sols, jouant un rôle analogue à celui d’un chef d’orchestre dans une symphonie. Il est essentiel à la photosynthèse et intervient dans la formation de l’ADN, garantissant ainsi la reproduction et la croissance des plantes.
Un sol riche en phosphore est comparable à un terreau fertile, permettant aux plantes de développer des systèmes racinaires robustes.
De plus, en favorisant une floraison abondante et éclatante, il contribue à attirer des pollinisateurs et autres précieux auxiliaires.
Amélioration de la structure du sol
Un autre effet significatif du phosphore sur la santé des sols réside dans sa capacité à améliorer la structure du sol.
En favorisant la formation d’agrégats, le phosphore aide à créer des espaces aérés dans le sol, permettant à l’eau et à l’air de circuler librement. Nous pouvons comparer cela à l’ouverture d’une fenêtre dans une pièce fermée, laissant entrer la lumière et la fraîcheur.
Des sols bien structurés retiennent mieux l’humidité et les nutriments, ce qui est bénéfique pour la flore environnante.
Les sols enrichis en phosphore présentent une biodiversité microbienne plus riche, favorisant ainsi les équilibres naturels et donc la protection des plantes.
Impacts sur la fertilité et la productivité
Enfin, l’impact du phosphore sur la fertilité et la productivité des sols est indéniable.
Les agriculteurs et jardiniers qui comprennent l’importance de cet élément peuvent observer une augmentation significative des rendements. Par exemple, une étude menée sur des cultures de maïs a révélé qu’un apport adéquat en phosphore pouvait augmenter les rendements de 20 à 30 %. Cela démontre comment un sol bien équilibré en phosphore peut transformer une simple récolte en une véritable abondance.
En effet, le phosphore agit comme un catalyseur, stimulant la croissance des plantes et leur résistance aux maladies, tout en favorisant une maturation uniforme des fruits et des légumes. Ainsi, un sol riche en phosphore peut être vu comme une source de prospérité pour le jardinier, assurant des récoltes généreuses et saines.
Sources naturelles de phosphore pour le jardin
Les engrais organiques riches en phosphore
Les engrais organiques, tels que le fumier, le compost ou, à moindre mesure, les cendres de bois, sont des sources précieuses de phosphore pour le jardin.
Le fumier, notamment celui de volaille, est particulièrement riche en cet élément nutritif essentiel. Lorsqu’il est composté, il libère lentement le phosphore, permettant aux plantes de l’absorber au fur et à mesure de leur croissance. Une étude menée par l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) a démontré que l’application de fumier de volaille au printemps pouvait augmenter les rendements de certaines cultures de légumes jusqu’à 30%.
Les cendres de bois, souvent négligées, contiennent également du phosphore (certes en quantités moindres). Elles peuvent être ajoutées au compost ou épandues directement sur le sol, rendant les nutriments disponibles immédiatement.
Vous l’aurez compris : une terre nourrie comme il se doit par des apports de matières organiques ne sera normalement pas déficiente en phosphore…
Toutefois, en cas de carence avérée, ou de blocage (pour une raison ou une autre, les éléments minéraux présents dans le sol ne sont pas correctement libérés), des engrais organiques du commerce particulièrement riches en phosphore, comme la farine d’arêtes de poisson ou la farine d’os (plus difficile à trouver) pourront vous aider à corriger cela facilement.
L’urine
L’urine est un engrais liquide riche en phosphore. Elle peut donc constituer un apport à assimilation rapide très intéressant.
Les légumineuses et leurs associations
Les légumineuses, telles que les pois, les haricots, le soja et les trèfles, jouent un rôle crucial dans l’enrichissement des sols en phosphore.
En effet, grâce à leur capacité à fixer l’azote atmosphérique, elles améliorent la fertilité du sol, tout en favorisant l’assimilation du phosphore par les plantes voisines.
Une méthode souvent employée par les agriculteurs consiste à semer des légumineuses en rotation avec d’autres cultures. Par exemple, les agriculteurs brésiliens utilisent le soja en alternance avec le maïs, ce qui non seulement augmente le rendement, mais enrichit le sol en phosphore, créant un écosystème durable. En opérant ainsi, vous optimisez l’espace dans votre jardin tout en favorisant un sol riche et équilibré.
Les roches phosphatées
Les roches phosphatées sont des dépôts géologiques riches en phosphore.
Ces roches, formées au cours de millions d’années par la décomposition de matières organiques et de sédiments marins, se retrouvent dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique du Nord et aux États-Unis.
En les broyant, on obtient une farine qui peut être appliquée directement au sol, rendant le phosphore disponible pour les plantes. Notez que ces phosphates de roche agissent lentement, libérant des nutriments sur une période prolongée.
Précautions et conseils pour l’utilisation du phosphore au jardin
Évaluer un manque éventuel
Avant d’envisager un apport complémentaire de phosphore, il convient de voir si c’est nécessaire.
Pour cela, nous commencerons par observer nos cultures…
Dans un sol pauvre en phosphore (assez rare), ou le libérant mal (plus fréquent), la croissance des plantes est ralentie. Les rameaux se forment mal, la floraison est peu abondante et la maturation est tardive. Tout cela ayant évidemment pour conséquence des rendements réduits. Une coloration anormale des feuilles, allant du vert foncé au brun ou au rouge, nous alertera sur une potentielle carence.
Si ces phénomènes sont la norme pour vos cultures, des tests de sol (disponibles dans certaines jardineries ou par le biais de services de laboratoire) pourront être utiles afin de mesurer la concentration de phosphore existante et surtout de déterminer si le problème est dû à une carence réelle ou à un blocage…
Pourquoi le phosphore peut-il être bloqué ?
Une mauvaise libération du phosphore peut avoir différentes causes.
Fixation par le pH du sol :
- En sol très acide (pH < 5.5), le phosphore se lie au fer (Fe) et à l’aluminium (Al) pour former des composés insolubles.
- En sol basique (pH > 7.5), il se lie au calcium (Ca), formant également des composés peu solubles.
Fixation par les minéraux du sol :
Les argiles et certains oxydes métalliques (comme les oxydes de fer et d’aluminium) peuvent absorber fortement le phosphore.
Compétition biologique :
Les microorganismes du sol peuvent immobiliser temporairement le phosphore en l’utilisant pour leur propre croissance.
Mauvaise répartition ou profondeur :
Le phosphore est peu mobile dans le sol. S’il est appliqué trop en surface, il ne descend pas vers les racines, surtout en cas de sécheresse.
Comment remédier au blocage du phosphore ?
Ajuster le pH du sol :
- En sol acide, on peut “chauler” pour remonter le pH vers 6.5, où le phosphore est le plus disponible. Utilisez pour cela du calcaire broyé, de la dolomie, de la marne ou encore du lithothamne . Mais évitez la chaux, qui “enrichit le père, mais ruine le fils !”
- En sol calcaire ou basique, l’ajout de matière organique peut aider à libérer du phosphore…
Apporter de la matière organique :
Le compost, le fumier ou les engrais verts peuvent améliorer la disponibilité du phosphore en :
- Libérant des acides organiques qui solubilisent le phosphore.
- Favorisant l’activité biologique du sol (ex. : mycorhizes).
Stimuler les micro-organismes bénéfiques :
- Les mycorhizes améliorent l’absorption du phosphore en étendant le réseau racinaire. Nous venons de voir que des apports de matières organiques favorisaient le développement de mychorhises… Ajoutons ici le BRF aux matériaux présentés.
- Certaines bactéries solubilisent le phosphore naturellement.
En appliquant ces principes fondamentaux de fertilisation naturelle, vous évitez normalement toute carence !
Mais si c’est toujours le cas, ou à défaut de suffisamment de matériaux organiques à disposition, des engrais et amendements organiques phosphatés du commerce pourront vous aider à corriger le problème…
Choisir les bons fertilisants phosphorés
Dans le choix des fertilisants phosphorés, la qualité prime sur la quantité. Privilégiez des sources naturelles comme la farine d’arêtes de poisson, la farine d’os ou encore le guano,
Ces engrais organiques naturels enrichissent le sol de manière progressive, tout en évitant une surcharge de phosphore.
A contrario, les engrais chimiques riches en phosphore nuisent à la vie microbienne. Et ce plus encore s’ils sont épandus avec excès. En effet, trop de phosphore peut provoquer un déséquilibre dans le sol, similaire à un excès de sel dans une recette de cuisine, altérant les saveurs. A bannir donc !
Amender avec des roches phosphatées un potager familial bénéficiant d’une fertilisation organique équilibrée est à mon sens inutile. Dans un cadre professionnel, cela peut par contre se justifier, pour des raisons de disponibilité de matériaux organiques, ou simplement de pratique.
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