« Je crois avoir tout essayé pour me débarrasser d’une seule mauvaise herbe : l’oxalis. C’est une catastrophe dans mon jardin il y en partout et tellement que je ne peux plus cultiver. Tous les ans au printemps, je me tue à la tâche à genoux pour enlever ces minuscules petits oignons, mais rien n’y fait dès les beaux jours, ils m’envahissent. Si quelqu’un a une astuce efficace, je prends. » (commentaire posté par Chantal sur l’article consacré au désherbage)
Len a répondu à Chantal : « J’ai l’oxalis pourpre dans ma cour entre les pavés, et pas seulement avec les beaux jours. La seule solution que j’ai trouvée est l’eau bouillante (he oui) dès leur apparition et, au moins au tout début de la floraison. Ce qui n’empêche pas qu’ils reviennent toujours ici ou là, mais cela évite d’en être envahi. »
Ok, la solution est efficace (à court terme), mais si elle peut être acceptable dans une cour, ce serait catastrophique pour la vie du sol dans un jardin.
Bon, j’avais alors promis d’écrire un article sur le sujet… Nous y voilà.
Mais plutôt qu’une astuce efficace, nous allons voir ce que nous indique cette plante, les enseignements à en tirer pour limiter sa présence et finalement en venir à bout, sans agression pour la terre et ses habitants.
Avant cela commençons par faire un peu connaissance avec cette plante envahissante et fréquente dans les jardins (outre le commentaire de Chantal, je reçois fréquemment des questions à ce sujet).
Présentation de l’oxalis
L’oxalis est un genre regroupant différentes (environ 400 dans le monde) espèces vivaces de plantes herbacées, spontanées ou cultivées, de la famille des Oxalidacées.
Les plantes de ce genre se caractérisent notamment par des feuilles trifoliées (mais certaines espèces cultivées ont 4 folioles), en forme de cœur, et des fleurs à 5 pétales.
Ces fleurs apparaissent en avril-mai pour la plupart des espèces. Leurs couleurs varient en fonction de l’espèce et de la saison.
Voici quelques espèces spontanées ou d’abord cultivées, mais devenues aujourd’hui des adventices se répandant naturellement :
- Oxalis petite oseille ou pain de coucou (Oxalis acetosella), poussant spontanément dans les bois, à l’ombre, avec des fleurs blanches veinées de mauve ;
- Oxalis corniculée (Oxalis corniculata) caractérisée par des feuilles rougeâtres et de petites fleurs jaunes. Elle se développe dans les zones perturbées : friches, remblais, champs ou jardins travaillés…
- Oxalis raide (Oxalis stricta), commune dans les zones cultivées et les lisières de bois, et de plus en plus dans les pelouses sur des sols acides. Ses fleurs sont jaunes ;
- Oxalis articulée (Oxalis articulata) : d’abord cultivée dans les jardins, cette oxalis est devenu une fleur sauvage (de couleur rose) se retrouvant fréquemment en bordure de chemins ;
- Oxalis pied-de-chèvre ou des Bermudes (Oxalis pes-caprae) : comme l’oxalis articulée, cette espèce cultivée se retrouve maintenant un peu partout dans les jardins méditerranéens et dans la nature ;
- Osa du Pérou (Oxalis tuberosa), cultivé pour son tubercule comestible ;
- Oxalis pourpre (Oxalis triangularis), ses feuilles pourpres en font une plante fréquemment cultivée pour l’ornement… et se répandant un peu partout.
Les fruits sont des capsules contenant un nombre considérable de graines… Ce qui est la cause de proliférations incontrôlables.
Distinguer l’oxalis du trèfle
Les oxalis, d’ailleurs également appelés « faux-trèfles » sont couramment confondus avec le trèfle.
Mais la forme des feuilles permet de les distinguer assez facilement. Le trèfle a des folioles arrondis alors que les folioles de l’oxalis sont en forme de cœur.
Et la floraison enlèvera tout doute si vous en avez encore :
Qu’indique la présence d’oxalis ?
La présence marquée de cette plante sur une terre est un signe d’érosion.
Faute d’une capacité de stockage suffisante du sol, il n’y a plus de matières organiques.
Ce phénomène intervient plus particulièrement sur les sols laissés nu en hiver ou en été.
Il ne faudrait donc jamais laisser le sol à nu (en tout cas pas trop longtemps) mais au contraire couvrir avec de la paille, du foin, du broyat ou encore des feuilles mortes pour apporter du carbone.
Cela dit, cette plante est bénéfique pour le sol et la vie microbienne aérobie (elle aère le sol)… Bref, elle vient « réparer » nos erreurs…
(source Gérard Ducerf – Encyclopédie des plantes bioindicatrices et médicinales)
Enseignements à en tirer (mesures préventives)
Évitez de cultiver de l’oxalis dans votre jardin
Certes, c’est une jolie plante, mais vous pourriez vite regretter de l’avoir installée dans votre jardin !
Nous l’avons vu, elle produit un nombre considérable de graines, logées dans des capsules… Qui pour certaines espèces vont carrément « exploser ». Bon… Le terme est peut-être un peu exagéré, (mais il a au moins le mérite d’être parlant), répandant ainsi une multitude de graines, qui ne demanderont qu’à germer, dans votre jardin.
Et vous aurez ensuite bien du mal à vous en débarrasser.
La première précaution à prendre est donc peut-être tout simplement d’éviter d’introduire cette plante envahissante chez vous…
Créez des conditions non-propices à son développement
Cette adventice s’installe sur les sols érodés, conséquence d’une terre non couverte.
L’enseignement à en tirer est simple : ne laissez pas le sol à nu (ou en tout cas, le moins longtemps possible).
Pour ce faire, paillez…
En sols lourds, vous pouvez également cultiver des engrais verts pendant la période hivernale.
En procédant ainsi, vous éviterez non seulement ce phénomène d’érosion, limitant donc les risques d’envahissement, mais de plus, vous aérerez en enrichirez la terre de votre jardin (objectif central de Mon Potager au Naturel).
Comment en venir à bout ?
La chose ne sera pas aisée…Et je n’ai pas de méthode miracle à vous proposer.
Mais en vous armant de patience et surtout en protégeant le sol de votre jardin, vous devriez pouvoir en venir à bout.
Arrachez à la main, au printemps
Lorsque le sol est humide, arrachez dès que possible les jeunes repousses, en faisant venir les racines.
Vous pouvez également couper régulièrement le feuillage à la base afin d’affaiblir peu à peu la plante.
En tout cas, veillez à ne pas laisser les graines se former et surtout arriver à maturité. Il convient donc d’agir au plus tard lorsque les fleurs commencent à faner.
N’utilisez pas de motoculteur ou de motobineuse
L’action de ces engins aura pour effet de multiplier les racines et d’éparpiller les bulbilles dans le sol… Vous garantissant ainsi à coup sûr la prolifération de cette plante.
Aussi, si vous devez travailler la terre pour préparer une planche de culture, utilisez plutôt une Campagnole ou une Grelinette.
Avec ces outils, vous soulèverez les systèmes racinaires, si possible avec les bulbilles (qui sont en fait des rhizomes se situant à la base des racines). Vous pourrez ainsi les évacuer.
Arrachez en fin d’été
En fin d’été, arrachez les oxalis encore en place.
Même s’il reste des racines dans le sol, cela affaiblira la plante. Celle-ci devant alors puiser dans les réserves avant l’hiver…
Couvrez le sol
Un bon paillage (une bonne dizaine de centimètres d’épaisseur), en maintenant une certaine humidité dans le sol et en l’ameublissant (de par l’action des vers de terre et autres micro-organismes qui vont se charger de la décomposition de ces matériaux végétaux), rendra plus aisée l’extraction de la plante avec ses racines, et donc à terme, sa disparition de votre jardin.
Intérêts de l’oxalis
Oui, l’oxalis est une plante ornementale assez sympa…
Les feuilles de l’oxalis petite oseille sont même comestibles, avec des propriétés médicinales (dépuratives, diurétiques, stomachiques).
Mais n’en abusez pas : 10 gr d’acide oxalique sont mortels. Sachant que 100 gr de feuilles d’oxalis contiennent 1 gr d’acide oxalique, il faudrait quand même en manger 1 kg pour y succomber.
La consommation est, en tout cas, fortement déconseillée aux personnes souffrant de troubles rénaux ou digestifs.
Si vous avez testé une méthode vraiment efficace, ou souhaitez tout simplement partager votre expérience avec cette plante envahissante, faites-le en commentaire ci-dessous.
Merci.