Jardin en Permaculture – Les Limites

Dans l’absolu, la permaculture est une approche idéale en matière de jardinage.

Et certains formateurs ne se privent pas pour présenter la permaculture comme La méthode parfaite… omettant, volontairement ou non, d’aborder également certains inconvénients de la permaculture au jardin.

Voyons quelles sont les limites de la permaculture, à travers un principe élémentaire du jardinage en permaculture : la couverture permanente du sol.

Limites de la permaculture – 1 : le travail manuel

Certes, dans un jardin familial de petite taille, il est tout à fait possible – et souhaitable – de travailler selon les principes de la permaculture, sans travail du sol.

Mais lorsqu’il s’agit d’une plus grande surface, cela devient tout de même plus compliqué.

Et il est complètement faux de penser que de couvrir un sol en permanence aura pour conséquence de n’avoir plus rien à faire…

Feuilles mortes pour couverture du sol
Couvrir le sol… c’est du boulot !

Couvrir le sol de son jardin représente déjà en soi un travail considérable. Et surtout, cela n’exclut pas des travaux de désherbage (de nombreuses adventices réussissent à traverser la couche de paillage) qui, dès lors, ne peuvent être effectués que manuellement (contrairement à une planche de cultures « nue » sur laquelle on peut utiliser des outils adaptés)… Ce qui est très fastidieux (même s’il est en général plus facile d’arracher une herbe dans un sol paillé).

Certains ne manqueront pas de me contredire avec l’exemple de la Ferme du Bec Hellouin (on en parle ici).

Ok… Mais dans cette ferme-centre de formation, des dizaines de stagiaires offrent (et même payent pour cela) leurs bras… Ce modèle n’est évidemment pas reproductible à l’infini…

Dans les faits, peu de maraîchers réussissent à travailler (et vivre de leur travail de production légumière) sans aucune mécanisation…

Et de même, pour un jardinier amateur travaillant sur une surface un peu conséquente, avec un objectif d’autonomie en légumes, il n’est pas aussi évident que cela de travailler réellement sans aucun travail du sol. Ce qui, au passage, n’est d’ailleurs pas tout à fait juste… Quand vous récoltez vos carottes par exemple, vous « travaillez » forcément la terre…).

Limites de la permaculture – 2 : les besoins en matériaux

Reprenons là aussi l’exemple de la Ferme du Bec Hellouin.

Partant d’études chiffrées, on en conclut qu’une parcelle de 1000 m² peut assurer un revenu à un maraîcher.

Sans revenir sur la charge de travail, cette conclusion est bien hâtive.

On parle bien de permaculture, non ?

Or, qui dit permaculture, dit autonomie (en tout cas autonomie maximale) en matière d’intrants…

Si votre potager recouvre une grande partie de votre jardin, où allez-vous trouver, en quantités suffisantes, les matériaux nécessaires pour couvrir ou fertiliser naturellement la terre de votre potager ?

Vous pourrez certes disposer des déchets végétaux issus de votre potager (déchets après nettoyage, allées) ou de ses pourtours (tailles de haies ou d’arbres, tontes, feuilles mortes…).

Mais vous vous rendrez vite compte que ce ne sera pas forcément suffisant.

Et il y a alors de fortes chances que vous n’ayez pas vraiment d’autres choix que de vous en procurer à l’extérieur (boules de foin ou de paille et fumiers chez des agriculteurs, BRF chez des forestiers ou élagueurs…).

Ma question est alors : dans l’absolu, qu’est-ce qui est le plus écologique ? Consommer du carburant (et polluer…) pour aller chercher et apporter des matériaux dans son jardin ? Ou travailler (à la Grelinette ou à la Campagnole), une partie de son potager (nous y reviendrons plus bas), quitte à laisser parfois le sol à nu ?

Quoi qu’il en soit, privilégiez en tout cas la proximité pour récupérer des matériaux.

En réalité, que ce soit pour un jardin familial ou professionnel, pour être en total accord avec les principes de la permaculture (en l’occurrence, utiliser des matériaux issus de votre propre environnement), il vous faut donc une surface totale bien supérieure à celle que vous allez cultiver (c’est d’ailleurs le cas à la Ferme du Bec Hellouin).

Limites de la permaculture – 3 :  la prolifération de « ravageurs »

J’emploie ici le terme ravageur volontairement… pour vous mettre la puce à l’oreille.

Car, en réalité, pas plus que les permaculteurs « revendiqués », je ne considère que certains animaux seraient des ravageurs (ou nuisibles). Alors que d’autres seraient des auxiliaires (utiles).

Je réfléchis plus en termes d’équilibres naturels…

Et c’est justement là que le bât blesse !

Tomates et choux paillés
Attention ! Un bon paillage est aussi synonyme de limaces et autres rongeurs…

Limaces, taupins, noctuelles (vers gris) ou campagnols raffolent d’une bonne couverture du sol.

Cette même couverture les met d’ailleurs à l’abri de leurs principaux prédateurs, à savoir les oiseaux.

Il n’est alors pas rare de voir des permaculteurs utiliser par exemple du Ferramol (pour tuer les limaces) ou autres insecticides biologiques pour éliminer d’autres intrus… Mettant rapidement à mal leurs convictions.

En appliquant ce principe de non-travail du sol sans discernement, vous vous retrouvez donc bien souvent à devoir tuer pour préserver vos cultures… Ce qui est finalement en opposition avec la philosophie de la permaculture.

Personnellement, je préfère adapter une approche plus pragmatique.

Une permaculture « pragmatique »

C’est d’ailleurs l’un des principes même de la permaculture !

Cette philosophie nous enseigne en effet qu’il nous faut observer, comprendre et nous adapter à chaque situation…

Mais beaucoup de jardiniers considèrent la permaculture comme une religion, avec des préceptes intangibles.

Et appliquent ainsi certaines pratiques sans aucun discernement… avec, trop souvent, de grosses déconvenues (je le vois presque tous les jours en coaching).

Prenons l’exemple des semis directs ou de plantations de jeunes plants de salades, particulièrement appréciés des animaux cités précédemment…

Nous l’avons vu, et peut-être en avez-vous fait l’amère expérience : les jeunes plantules sont rapidement dévorées par les limaces nichant dans un paillage.

Pour un semis de carotte je préfère travailler la terre plutôt que d'appliquer strictement certains principes de permaculture
Semis de carottes en terre travaillée…

Personnellement, même si le partage avec les animaux fait bien partie de mes principes, je ne sème pas pour qu’ils mangent tout… Mais avec quand même pour objectif de récolter ! Pas vous ?

Ainsi, plutôt que de couvrir systématiquement le sol, je préfère semer mes carottes en sol nu (qui sera en réalité rapidement protégé par des fanes de radis que je sème en parallèle). Et notamment au printemps, je plante mes salades aussi dans un sol nu. Et je les paille seulement lorsqu’elles sont bien développées).

De même, je veille à mettre des plants suffisamment développés dans une planche de culture paillée (ou butte). Sachant qu’ils seront moins appréciés que de jeunes plants bien tendres…

En conclusion

Nous avons vu ici quelques limites de la permaculture vis à vis de la couverture du sol… Mais ce ne sont pas les seuls inconvénients…

Mon objectif n’est pas ici de vous détourner de la permaculture, bien au contraire.

Mais je souhaite vous inviter à agir avec discernement.

La permaculture, pas plus qu’aucune autre approche de jardinage, n’est une science exacte.

Chaque façon de jardiner a ses avantages et ses inconvénients.

Et c’est seulement par l’expérience que l’on comprend cela, afin de prendre les bonnes décisions, au cas par cas, sans dogme établi à jamais.

Cette expérience, je la partage avec vous sur ce blog, et de façon plus « structurée » dans Mon Potager au Naturel.

 

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