Je vous propose ici une petite initiation à la permaculture au jardin.
Mais précisons déjà que la permaculture ne se limite pas à ce domaine… et encore moins uniquement au potager.
C’est, en effet, une véritable philosophie de vie axée sur le respect du vivant et le partage.
Dans un contexte de crise écologique sans précédent, comme celle que nous connaissons aujourd’hui, c’est peut-être la seule alternative possible à une société primant l’individualisme et l’enrichissement personnel… Qui ne peut avoir d’autres issues que la destruction de la vie sur Terre (puisque nous sommes en train d’en épuiser toutes les ressources).
Bien que certains dégâts soient déjà irrémédiables, je suis de nature positive. Je ne peux donc me résoudre à baisser les bras.
Il est encore possible d’agir, individuellement et collectivement.
Mais nous ne pouvons attendre que les « décideurs », trop préoccupés par leurs propres intérêts et ceux de leurs amis, prennent ce virage pour nous.
Il nous incombe donc, à chacun d’entre nous, d’agir concrètement, à notre niveau, peut-être déjà en envisageant un jardin en permaculture.
S’engager sur cette voie implique une transformation radicale de nos modes de pensées et de nos actions, au quotidien.
Cette transformation peut se faire dans des domaines aussi variés que l’éducation, les relations humaines, la santé, l’habitat, le transport… ou même les finances.
Bien que ce soient là des sujets très intéressants, et que ces dimensions me passionnent également, je n’ai ni les compétences, ni la légitimité pour en parler.
Et le thème de ce blog est le jardinage… Aussi, je me contenterais ici de parler de jardinage en permaculture…
Jardin en permaculture : pensez global et observez
Même au niveau du jardin, en permaculture, il est important de voir les choses dans leur globalité.
Les livres ou formations en permaculture vous parleront de « design ». Je parlerais pour ma part simplement de bon sens…
Ainsi, on essaiera par exemple d’avoir un point d’eau pas trop éloigné des cultures.
Les aromates auront une place toute trouvée auprès de la maison. Vous y aurez ainsi accès rapidement pour la préparation d’un bon repas.
On favorisera également les mélanges de cultures…
Mais, avant d’aller plus loin, pensez que tout doit être réfléchi en fonction de votre environnement : matériaux à disposition, environnement naturel préservé ou pas, nature et état du sol…
Vous allez donc devoir apprendre à observer avant d’agir.
En permaculture, les relations avec le voisinage prendront également une importance majeure, en prônant notamment les échanges…
Que mettre dans un jardin en permaculture ?
Plus grande sera la diversité dans votre jardin, mieux celui-ci sera équilibré.
Idéalement, un jardin en permaculture inclura :
- Des cultures potagères ;
- Un verger, ou plutôt des arbres fruitiers dispersés dans le jardin. Mais attention à l’ombrage qui en résultera lorsque ces arbres se seront développés ;
- Des plantes aromatiques, au sein des cultures potagères (en plus de celles situées à proximité de la maison) pour attirer des insectes pollinisateurs et contribuer à la biodiversité ;
- Des fleurs, un peu partout, en particulier pour attirer des insectes pollinisateurs. Mais aussi pour égayer le jardin et y apporter simplement un peu plus de diversité ;
- Des zones sauvages servant de refuge à de nombreux animaux, et notamment des coccinelles ou des carabes… De précieux « auxiliaires » ;
- Des haies constituées d’espèces locales (les mieux adaptées) diverses (pas une haie de thuya…) afin de fournir un gîte et couvert à de nombreux animaux. Mais également pour protéger votre jardin d’éventuelles pollutions environnantes (agriculteurs traitant en chimie les champs voisins par exemple) ;
- Des arbres et arbustes spontanés (Je vois souvent des permaculteurs tout couper pour appliquer leur « design »… Quel dommage : les arbres et arbustes ayant poussé spontanément sont les mieux adaptés à votre environnement) de différentes tailles et, si possible, ayant des périodes de végétation et de floraison étalées dans le temps, afin de fournir en permanence des abris, ainsi qu’un garde-manger (baies, fleurs) pour les animaux ;
- Des plantes-engrais : ortie, consoude ;
- Des plantes pouvant être utilisées comme répulsifs naturels : tanaisie, absinthe ;
- Un point d’eau, si possible une mare, pour attirer notamment des batraciens ;
- Un emplacement pour le compost (proche des cultures, à mi-ombre), voire un bac à compost (plutôt proche de la maison, pour y déverser vos déchets de cuisine) ;
- Un abri de jardin pour remiser vos outils ;
- Un coin pour préparer les purins ou autres préparations de plantes, plutôt au fond du jardin pour limiter les problèmes d’odeurs, mais pas sous les fenêtres de vos voisins (Un bon voisinage est aussi une notion importante en permaculture ;
- Etc.
Dessiner un plan du jardin (design)
Une fois établi les éléments à intégrer dans votre jardin en permaculture et les cultures envisagées, vous allez devoir dessiner un plan de votre jardin…
Le fil conducteur sera alors de placer les différents éléments de votre jardin (abri, mare, puits, cultures diverses…) à l’endroit, ou les endroits, les plus cohérents d’un point de vue pratique, mais aussi écologique (haie de protection).
Vous essaierez également de mélanger au maximum les différents types de cultures…
Mais pour cela, vous devez alors réfléchir les choses en vous projetant dans l’avenir. Par exemple, un arbre planté au sud vous paraîtra peut-être à priori une bonne chose… Mais dans quelques années, cet arbre risque de faire trop d’ombrage sur votre jardin. Ce qui nuira alors à la fructification des légumes-fruits (qui apprécient un bel ensoleillement).
Créer un jardin en permaculture
Concrètement…
Travail de la terre lorsque c’est nécessaire
Je sais… Vous allez me dire qu’il ne faut pas travailler la terre… À cela, je vous réponds qu’il ne faut pas la retourner (mélanger les couches du sol). Mais que l’ameublir peut parfois être nécessaire.
C’est même souvent une bonne chose pour ce qui concerne la création d’un potager. Il peut être, en effet, particulièrement difficile de semer dans une terre non affinée… Par exemple pour y effectuer un premier semis d’engrais vert ou même de légumes si vous n’avez pas eu le temps d’ameublir la terre de façon plus naturelle.
Parlons également ici des problèmes de limaces ou de rongeurs. Sur une planche de cultures couverte (mulch), dans certaines situations, les semis n’auront tout simplement même pas le temps de se développer… À peine sortis de terre, ils seront dévorés… Dès lors, préparer le sol pour semer dans une terre « nue » peut être un choix opportun. Vous paillerez plus tard…
Il va de soi que cette préparation du sol doit être faite à la main (avec un motoculteur par exemple, vous allez forcément mélanger différentes couches de sol), et de préférence avec une Grelinette, qui est vraiment l’outil le plus approprié et efficace pour cela (En-tout-cas pour un jardin familial… En maraîchage professionnel, ça peut être un peu plus compliqué; mais je vous recommande alors la Campagnole).
Commencer par une couverture du sol
Une couverture permanente du sol va protéger celui-ci des intempéries et de l’érosion et donc y favoriser la vie (décomposition des matières organiques constituant la couverture).
Là encore, en cas de sol lourd ou tassé, il peut être opportun de commencer par l’aérer à la Grelinette ou à la Campagnole. Car si vous apportez une couverture sur un sol tassé, il le restera…
Ne couvrez pas le sol lorsqu’il est sec ou froid. L’eau et une certaine chaleur étant indispensables au développement de la vie dans le sol.
Apportez si possible en premier lieu du compost ou du fumier (en fonction de la nature de votre sol).
Buttes de culture et permaculture
Dans l’imaginaire collectif, « jardin en permaculture » est souvent directement associé à « buttes de culture »…
Certes, les buttes vivantes sont fréquentes dans les jardin « permacoles »… Mais ce n’est pas, et ne doit pas être une règle.
En réalité, une butte de culture n’aura un intérêt réel que dans certains contextes : sols extrêmement argileux, sols trop acides ou au contraire trop calcaires, terres de remblais infertiles, sols trop peu profonds pour permettre d’y cultiver, terres détrempées.
Mais en dehors de ces cas (et sans doute de quelques autres que j’omets), constituer une butte ne s’impose pas.
Ceci précisé, si vous décidez de constituer des buttes de cultures, celles-ci peuvent prendre différentes formes : buttes lasagnes, buttes avec bois enterré comme le pratique par exemple Philip Forrer, buttes constituées de terre et de compost et recouvertes d’un paillage… Chaque type de butte sera là aussi plus ou moins adapté à un contexte particulier (par exemple, il ne sera pas envisageable de creuser le sol pour y enterrer du bois si ce sol est pratiquement inexistant – ce ne sera pas non plus une bonne chose en région froide, avec un sol lourd, car le bois ne pourra jamais se décomposer…).
Culture d’engrais verts
En sol lourd ou particulièrement tassé, une culture d’engrais verts sera bénéfique pour ameublir et aérer ce sol… et donc lui redonner vie.
Entretenir un jardin en permaculture
Respectez la biodiversité
La biodiversité constitue un fondement du jardinage en permaculture.
N’utilisez pas d’insecticide, même bio. Ils tuent aussi et nuisent ainsi finalement encore un peu plus aux fragiles équilibres au sein d’un jardin.
En cas de pression importante d’une population animale, utilisez plutôt des répulsifs naturels.
Favorisez la vie du sol
Le second fondement d’un jardin naturel, c’est le sol.
Notre objectif, en permaculture, sera donc de rendre ce sol vivant et fertile.
Des cultures régulières d’engrais verts seront bénéfiques pour aérer les sols lourds. Et donc y favoriser le développement de la vie.
Des apports réguliers de matières organiques appropriés enrichiront le sol et contribueront à la vie en son sein.
Une couverture du sol aura pour objectif de protéger le sol et, par extension, les différentes formes de vie qui s’y développent. De plus, en se décomposant, les matériaux apportés en couverture, participeront également à l’enrichissement de ce sol.
Renforcez les défenses naturelles des plantes
Grâce à un sol vivant et fertile, vos plantes seront pleines de vitalité et donc plus résistantes aux maladies et attaques animales…
Mais des traitements ou arrosages à la consoude ou à l’ortie, outre leurs effets sur le développement des plantes, stimuleront encore un peu plus leurs défenses.