Comment protéger vos cultures des larves de hanneton (ver blanc) ?

La larve de hanneton est de retour !

La larve de hanneton, communément appelée « ver blanc« , est en recrudescence dans les jardins.

Nous verrons comment limiter les risques.

Mais avant cela, assumons nos responsabilités.

Car c’est la faute aux bios !

En effet, en particulier grâce à ce merveilleux produit qu’était le DTT (malheureusement aujourd’hui interdit), ce « ravageur » avait pratiquement disparu des jardins…

Mais, en préservant la biodiversité, et notamment en faisant pression pour l’interdiction du DTT, les lobbies écologistes ont favorisé son retour !

Vous l’aurez je pense compris… le ton de cette introduction se veut un peu sarcastique.

Il n’en demeure pas moins que le hanneton, bien qu’ayant aussi le droit de vivre, peut à nouveau engendrer de sérieux problèmes dans un potager naturel.

Présentation du hanneton

Le hanneton est un coléoptère appartenant à la famille des Scarabaeidae (on en dénombre environ 240 espèces en France).

Dans nos contrées, nous rencontrons principalement le hanneton commun (Melolontha melolontha) , le hanneton des jardins ou horticole (Phyllopertha horticola), le hanneton de la Saint Jean (Amphimallon solstitialis), le hanneton foulon ou des pins (Polyphylla fullo) et le hanneton forestier (Melolontha hippocastani), en particulier dans l’est de la France.

Avant l’introduction des pesticides chimiques dans l’agriculture, et la destruction des habitats (haies agricoles) il était (parait-il) fréquent d’assister à des envols très spectaculaires.

Mais aujourd’hui, même si les hannetons réapparaissent ici ou là (on l’a dit, la faute aux « bios »), vous aurez peu de chance d’assister à un tel spectacle…

Au niveau des jardins, nous rencontrons principalement le hanneton commun et le hanneton horticole.

Le hanneton commun

Melolontha melolontha
Hanneton commun (Melolontha melolontha)

C’est un insecte difficile à voir, car il se déplace généralement à la tombée du jour.

Son vol, qui a donc lieu surtout en soirée, est bruyant !

Il est reconnaissable à ses élytres brun-acajou (les élytres sont les ailes antérieures dures recouvrant les ailes postérieures chez de nombreux insectes), parfois légèrement striées.

Ses antennes sont rouges et prépondérantes.

L’insecte adulte mesure entre 2.5 et 3 cm de longueur et environ 1,5 cm de largeur.

Il vit principalement dans les haies et les arbres, mais les femelles déposent les œufs dans le sol, de préférence chaud et meuble, à une vingtaine de centimètres de profondeur.

Ce qui fait des potagers un lieu de ponte parfait…

Ver blanc
Ver blanc

La larve de hanneton est jaunâtre et annelée, mesure de 3 à 4.5 cm de longueur.

Sa tête, de couleur brune, est plus large que l’extrémité de son corps.

Elle possède de longues pattes (3 paires situées à l’avant du corps).

Le ver blanc peut vivre 3 ans sous terre avant de se transformer, au mois de juillet de la troisième année, en adulte. Mais ce n’est qu’au printemps suivant que le hanneton prendra son envol.

Particulièrement vorace, c’est la larve de hanneton commun qui pose le plus de problèmes au potager…

Si vous voulez faire plus ample connaissance avec cette ravissante petite bête, consultez le site insectes-net.fr.

Le hanneton des jardins

Phyllopertha horticola
Hanneton des jardins (Phyllopertha horticola)

Le hanneton des jardins, également appelé hanneton horticole, est plus petit que le hanneton commun puisqu’il mesure de 0.8 cm à 1.1 cm de long.

Ses élytres sont de couleur brun-roux, presque rouges (certains l’appellent d’ailleurs communément le hanneton rouge).

Mais son thorax (pronotum) est noir (avec des reflets verts) tout comme ses pattes et ses antennes (ce qui fait qu’il est aussi parfois nommé hanneton noir…).

Il demeure fréquent dans toute l’Europe.

On le trouve notamment dans les herbes (pelouse ou spontanées), en lisière de forêts ou encore de vergers…

Vers la fin juin et le début du mois de juillet, les femelles pondent sous terre (entre 5 et 20 cm de profondeur).

Larve de hanneton horticole
Larve de hanneton des jardins

L’éclosion a lieu 2 à 3 semaines plus tard.

La larve est également plus petite que celle du hanneton commun. Elle mesure 1,5 cm maximum.

Elle est de couleur blanc laiteux et reste en position arquée lorsqu’elle est immobile.

Les larves vont immédiatement commencer à se nourrir avec les racines des végétaux se trouvant autour d’elles. Mais elles privilégient les racines de graminées et de céréales, et à un degré moindre de légumineuses.

À la fin de l’été, les larves commencent leur hibernation.

Elles ressortiront au mois de mai ou juin suivant, sous leur forme adulte.

Au jardin, la larve peut engendrer des problèmes principalement au niveau de la pelouse (graminées) ou sur une culture d’engrais verts (composés notamment de céréales et de légumineuses). Attention également aux fèves, pois et haricots (des légumineuses).

Quelle différence entre la larve de cétoines et la larve de hanneton ?

Ne confondez pas la larve du hanneton avec celle de la cétoine dorée !

Larve de hanneton et larve de cétoine
Larves de hannetons (en haut) et larves de cétoines dorées (en bas) – Source : compostchallenge.com

Notamment dans le compost, vous trouverez fréquemment des larves ressemblant à celles du hanneton.

Mais elles sont plus blanches, avec des pattes courtes et une tête plus petite que celle du hanneton…

La partie postérieure de cette larve, de forme arrondie, est également plus large que sa tête.

Ces vers sont des larves de cétoines dorées, un insecte particulièrement utile au jardin et qui de surcroît, se nourrit exclusivement de végétaux morts (il n’y a donc aucun danger pour vos cultures).

Alors, ne les détruisez surtout pas.

Dégâts causés par le hanneton au jardin

Le hanneton adulte n’engendre pas de dégâts majeurs au jardin, même s’il se nourrit notamment de feuilles d’arbres et d’arbustes.

La larve de hanneton est bien plus active et problématique, puisqu’elle met 3 ans à s’épanouir (pour le hanneton commun), bien à l’abri de la terre.

En hiver, qui est une période d’hibernation, il n’y a pas de dégâts dus aux larves…

Ce n’est qu’au printemps et en été que les vers blancs se nourrissent goulûment de racines.

La larve du hanneton commun apprécie tout particulièrement les légumes racines, mais s’attaque aussi également aux racines de salades ou de fraisiers. Ou encore aux massifs de fleurs.

Tout comme avec une attaque de taupin ou de louvette, les plantes attaquées flétrissent brutalement.

En arrachant le plant, on peut constater que les racines sont dévorées… Et si vous avez réagi assez vite, vous pourrez capturer directement le ver blanc « coupable ».

La larve du hanneton des jardins va quant à elle privilégier les racines de céréales, de graminées ou de légumineuses.

Dans une pelouse, les dégâts des larves provoquent l’apparition de plaques jaunies.

Comment préserver vos cultures de la larve du hanneton ?

Favorisez la biodiversité pour limiter la prolifération du hanneton

Nous ne le répéterons jamais assez, mais, comme toujours ou presque, une invasion est la conséquence d’un déséquilibre au niveau de la biodiversité…

Or, la larve de hanneton a de nombreux prédateurs naturels, notamment des oiseaux (rapaces, corneilles, étourneaux, mésanges) ou encore les chauves-souris,  les mulots, les hérissons, et même les taupes et courtilières.

Aussi, mais c’est là une recommandation essentielle en jardinage naturel, favorisez au maximum l’installation d’auxiliaires dans votre jardin :

  • En implantant des haies diversifiées (pas une haie uniforme de thuyas…) pour y héberger notamment des oiseaux ;
  • En disposant des tas de bois afin d’y attirer un hérisson ;
  • En laissant des zones en « jachère » (c’est-à-dire au repos, en laissant les plantes spontanées se développer) ;
  • En acceptant les taupes dans votre jardin… Car elles nettoient le sol de nombreux « parasites », dont le ver blanc ;
  • En vous abstenant d’utiliser tout pesticide, fut-il « bio », afin d’éviter de rompre les fragiles équilibres en place.

Comment se débarrasser naturellement des larves de hanneton

Au potager :

Si vous voyez un plant flétrir, déterrez-le sans plus attendre et fouillez dans la terre alentour… Le ver blanc (larve de hanneton) s’y trouve peut-être encore. Vous pouvez le détruire… ou l’emmener loin de votre jardin.

Quelques pratiques sont également recommandées pour éviter au maximum les problèmes de vers blancs au potager :

  • Supprimez manuellement les larves rencontrées lors du travail du sol (évitez par contre de travailler la terre durant les périodes de pontes – fin juin/début juillet – car vous ne feriez alors que favoriser les pontes…) ;
  • Binez régulièrement pour offrir les vers blancs à leurs prédateurs naturels ;
  • Les larves appréciant particulièrement les sols meubles et humides, essayez autant que possible d’arroser copieusement, mais moins souvent (ce qui est en total accord avec mes recommandations sur l’arrosage) ;
  • N’enfouissez pas de matières organiques non décomposées (très attirantes pour les larves de hannetons), mais laissez-les en surface ;
  • Si vous avez des poules, pendant l’hiver (sinon gare à vos cultures…) chargez-les de nettoyer votre potager.

Alors assurément, les pratiques ci-dessus ne sont pas adaptées aux sols couverts en permanence, une situation justement fort appréciée par les larves de hannetons… Et c’est bien là une autre « limite » de cette pratique, aussi intéressante soit-elle à d’autres points de vue (vie et fertilité du sol)… Dans ce cas, seul le travail sur la biodiversité pourra, à terme, produire ses effets.

Pour la pelouse :

Au niveau de la pelouse, pour éviter que les femelles de hanneton des jardins n’y trouvent un lieu de ponte parfaitement adapté, abstenez-vous de la scarifier en été… Et ne la tondez pas à ras, mais laissez au contraire au moins une dizaine de cm de hauteur.

Les moyens de lutte « autorisés en bio »… mais peu recommandables…

Commençons par rappeler que, même s’il est aujourd’hui de retour dans les jardins, le hanneton est une espèce animale qui aurait pu, et pourrait encore, disparaître totalement…

Aussi, sa destruction systématique et massive constituerait une atteinte de plus à la biodiversité.

Deux traitements « bio » sont utilisés en agriculture biologique, en cas d’infestation lourde : l’introduction de nématodes-auxiliaires (Heterorhabditis bacteriophora, Steinernema) ou d’un champignon particulier (Beauveria brongniartii).

Ces 2 produits détruiront les larves.

Mais, même si ce sont là des produits plus ou moins « sélectifs » (c’est-à-dire sans conséquences directes sur d’autres sortes espèces animales) et ne présentant pas de danger pour les plantes, en tuant en masse les larves de hannetons, vous privez leurs prédateurs naturels d’une partie de leur alimentation…

Ce qui engendrera par conséquent un déséquilibre supplémentaire dans votre jardin (privés de nourritures, vos précieux auxiliaires risquent d’aller voir ailleurs…).

Ne mettez pas non plus de gros sel dans le jardin (un conseil que l’on peut voir sur internet) ! Oui, c’est efficace… Mais ça détruit toute vie dans le sol !

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Je ne pense pas… Mais vous, qu’en pensez-vous ?

Et la larve de hanneton est-elle un problème dans votre potager naturel ?

Vos commentaires sont utiles pour faire avancer nos connaissances communes… Alors n’hésitez pas !

 

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