Qu’est-ce que le BRF ?
Le BRF (acronyme de Bois Raméal Fragmenté) est un broyat de jeunes branches que l’on utilise notamment comme amendement au jardin.
Contrairement à un « engrais », qui va nourrir directement la plante, un amendement a pour objectif d’enrichir le sol.
La finalité du processus étant la constitution d’un riche humus comparable à celui existant naturellement dans les forêts.
Pour constituer ce broyat particulier, on utilise principalement des espèces feuillues.
Les jeunes branches sont les parties les plus riches de l’arbre. Elles contiennent 75 % de minéraux, des acides aminés, des protéines ainsi que des catalyseurs.
Le Bois Raméal Fragmenté est une « technique » innovatrice, assez récente, née au Québec.
Aussi, avant d’en utiliser à tout-va dans votre jardin, je vous recommande fortement de d’abord tester sur une ou deux planches de culture…
Les avantages du Bois Raméal Fragmenté
Le Bois Raméal Fragmenté présente de nombreux avantages :
- Il favorise la constitution d’un humus de qualité remarquable en quantité importante, et ce, de façon beaucoup plus rapide qu’avec un compost (augmentation de 1 % du taux d’humus en 10 ans alors qu’il faut 50 ans pour obtenir le même résultat avec du compost ou encore 80 ans avec du fumier). Cet humus sera le support et la nourriture des cultures ; avec un tel humus, il n’y a plus besoin de fertilisation complémentaire ;
- Les rendements augmentent de manière spectaculaire. Certaines études ont montré des rendements 2, 3 et jusqu’à 7 fois supérieur !
- Les besoins en arrosage diminuent considérablement. Le lessivage des sols et des éléments nutritifs qu’il contient est alors réduit. Les légumes ont plus de goût car contenant moins d’eau. Et l’on peut dès lors envisager des cultures légumières sur des sols arides…
- Le Bois Raméal Fragmenté a des effets visibles sur la santé des cultures. Des essais (planches témoins avec et sans broyat de bois) ont montré l’absence ou l’atténuation de maladies ou d’attaques de prédateurs sur les planches avec broyat par rapport aux planches témoins ;
- Le travail est considérablement réduit : pas de travail du sol, pas de désherbage (le broyat sert également de paillage), pas ou très peu d’arrosage, pas de traitement. Ce qui se traduit par une diminution considérable des coûts
- On peut observer une multiplication de la faune du sol (pédofaune)
Produire du BRF
Pour produire votre Bois Raméal Fragmenté, utilisez les résidus de taille de vos arbres et arbustes d’ornements et fruitiers.
On utilise les jeunes branches, déjà ligneuses, de feuillus *.
Les rameaux utilisés doivent avoir un diamètre inférieur à 7 cm.
* Vous pouvez toutefois utiliser des branchages de conifères. Mais mélangez-les alors avec des essences de feuillus, dans une proportion inférieure à 20 % du total.
Broyer (avec un broyeur à végétaux) les branchages en automne ou en hiver, pendant la période dormante.
À défaut de broyat fait maison, utilisez les résidus de tailles ou d’élagage de forestiers, d’élagueurs ou des collectivités locales. Mais ces matériaux ne sont pas garantis être issus de tailles de jeunes branches. De ce fait, ils seront peut-être plus difficilement assimilés par votre terre.
Utiliser le Bois Raméal Fragmenté au potager
Faut-il enfouir le BRF ?
Attention : risques de faim d’azote
Avant de voir concrètement comment utiliser le Bois Raméal Fragmenté dans votre jardin, il me semble essentiel de nous pencher sur la question de la faim d’azote, le principal problème rencontré avec l’utilisation de ce broyat.
On appelle « faim d’azote » la conséquence de la concurrence entre les besoins en azote pour la décomposition des matières organiques et les besoins en azote des plantes cultivées.
Concrètement, les micro-organismes, normalement chargés de mettre les éléments minéraux présents dans le sol à disposition des plantes, se retrouvent accaparés à décomposer des matières organiques ligneuses… l’azote n’est alors pas disponible pour les cultures.
Ayant subi cette faim d’azote suite à des apports massifs, on trouve pas mal de jardiniers, voire d’agronomes, opposés à son utilisation.
Il faut dire ici que la littérature existante sur le sujet préconisait en général d’incorporer le broyat dans le sol.
Certes superficiellement (on recommandait de l’incorporer à 5 – 15 cm de profondeur), avec une griffe.
Mais un matériau ligneux, à fortiori dans une terre lourde, froide, faute d’oxygène, ne pourra alors se décomposer correctement… Ce qui entraînera vraisemblablement une faim d’azote durable (je l’ai moi-même testé à mes dépens).
L’exemple de la forêt
Et, dans une forêt, les branches tombent à terre… et se décomposent naturellement en surface.
Incorporer un tel broyat est donc probablement une erreur !
Et d’ailleurs, en tout cas pour ce qui concerne les essais menés chez moi, les conclusions sont très claires :
- Le Bois Raméal Fragmenté enfoui engendre de nombreux problèmes : faim d’azote, broyat se décomposant très mal…
- Apporté en couverture, soit en automne, soit en paillage lorsque les cultures sont déjà en place et le sol réchauffé, le Bois Raméal Fragmenté est très bénéfique pour le sol (la terre devient rapidement noire, grumeleuse et grouillante de vie avec notamment la présence de nombreux vers de terre) et les cultures (Elles s’y développent en général parfaitement ; j’ai également pu constater que le mildiou ou l’oïdium était beaucoup moins fréquents et virulents sur une planche de culture paillée avec du BRF) ;
- Le broyat d’acacia semble tenir à distance les limaces. Alors que si le BRF est constitué avec d’autres espèces forestières, comme tout autre paillis, les mollusques semblent en revanche l’apprécier.
En conséquence, après quelques années d’expérimentations, j’utilise à présent le BRF uniquement en paillage, sans l’incorporer au sol.
Bref, imitons simplement la nature, et laissons le Bois Raméal Fragmenté en surface, sans l’enfouir.
Utilisez le BRF en paillage
Précisons d’entrée qu’un paillage avec des matériaux ligneux, comme l’est le Bois Raméal Fragmenté, peut tout de même entraîner une légère faim d’azote.
Mais elle durera alors seulement quelques jours à quelques petites semaines… Alors qu’elle peut durer plusieurs années lorsque le bois est enfoui.
Aussi, et surtout si votre terre est particulièrement froide, pour éviter cette « faim d’azote », il pourra être judicieux de faire une culture de légumineuse (trèfle, pois, lupin, luzerne…) la saison précédant l’apport.
Le paillage de BRF sera épandu :
- Soit à l’automne, rapidement après le broyage ;
- Soit en couverture du sol, au printemps, lorsque la terre est déjà réchauffée. Mieux vaut éviter de couvrir le sol en hiver, voire en début de printemps, lorsque la terre est encore froide…
- Soit en paillage de cultures déjà en place. Je préfère cette façon de procéder à la précédente. Les problèmes de limaces et de rongeurs seront alors moindres. Et le sol se réchauffera plus facilement.
Si le broyat est épandu tardivement, peu de temps avant la mise en place de vos cultures, ou en paillage des cultures déjà en place, apportez du compost préalablement à l’épandage.
Les plantes cultivées auront ainsi à disposition de l’azote rapidement assimilable.
Voici maintenant comment procéder :
- Épandez le broyat sur 1 ou 2 cm (max) d’épaisseur en terres lourdes et jusqu’à 6 cm en terre plus légère. Ce qui représente 1 à 6 mètres cube pour 100 m² ;
- Laissez simplement le Bois Raméal Fragmenté en surface.
Cultiver sur un BRF
Cette technique étant relativement récente, les avis sont partagés quant à la mise en place des cultures.
Certains sèment et plantent directement dans un BRF en première année et apportent un complément en couverture chaque année.
Cette première alternative présente pour intérêt de maintenir le sol couvert en permanence. Mais la terre pourra avoir du mal à assimiler ces apports répétés de matériaux ligneux (en tout cas en terre lourde ou en climat plutôt froid).
D’autres, dont je fais partie, penchent plutôt pour une utilisation évolutive :
- En première année, plantez les plants élevés en pépinière ;
- En deuxième année, le broyat est en principe déjà en grande partie « digéré » par le sol. Semez alors les grosses graines. Recouvrez le semis d’un compost bien mûr. Un paillage avec des matériaux moins ligneux (donc plus faciles à digérer pour le sol) comme du foin, des tontes et des déchets verts du jardin ou de cuisine, peut parfaitement être envisagé ;
- En troisième année, il est normalement parfaitement décomposé (le substrat est alors bien fin). Semez les petites graines. Recouvrez le semis d’un compost bien mûr. Là aussi, n’hésitez pas à pailler avec des matériaux « verts » ;
- Laissez éventuellement au repos la quatrième année ;
- Renouvelez la couverture la cinquième année ;
- La sixième année, vous planterez à nouveau… Et recommencez le cycle.
Je tiens ici à préciser que tous mes essais de cultures de pommes de terre avec une couverture de Bois Raméal Fragmenté se sont avérés désastreux.
Ceci que ce soit en première, deuxième ou troisième année après l’apport…
Autres utilisations possibles du Bois Raméal Fragmenté
Vous disposez de quantités importantes de Bois Raméal Fragmenté ?
Profitez-en…
Au verger ou pour vos plantes ornementales
Comme pour le potager, utilisez ce broyat de jeunes branches pour pailler vos différentes cultures.
Non seulement, il couvrira et protégera ainsi le sol, mais, en se décomposant, il l’enrichira durablement.
Et vos fruitiers ou autres plantes ornementales bénéficieront alors d’une nourriture abondante et équilibrée.
N’hésitez pas là aussi à apporter d’abord une couche de compost.
Dans une butte vivante
Le Bois Raméal Fragmenté s’intégrera parfaitement à une butte vivante.
Incorporez-le à vos buttes de préférence juste après le broyage.
Il chauffera alors parfaitement, activant ainsi le processus de décomposition de la butte.
Dans une couche chaude
À défaut de fumier frais de cheval, ce broyat de jeunes branches le remplacera avantageusement pour la constitution d’une couche chaude.
Mais pour que la Bois Raméal Fragmenté puisse chauffer correctement, utilisez absolument un broyat fraîchement broyé (quelques jours).
Au compost
Le Bois Raméal Fragmenté, étant constitué de jeunes branches, est un matériau plutôt équilibré entre matières azotées et matières carbonées.
On estime un rapport carbone/azote (C/N) supérieur à 30 (plus si les branches sont un peu plus âgées).
Aussi, de par une teneur en carbone élevée, ce broyat sera bienvenu dans un compost (pour lequel on manque fréquemment de matériaux ligneux, indispensables à la bonne évolution d’un compost).
Quelques articles complémentaires
- Essai BRF : le Broyage
- Essai BRF : l’Epandage
- Essais BRF, mes observations
- Suivi cultures sur BRF
- Broyeurs de Branches pour BRF
- K-TCHAK, le broyeur écologique de fabrication française
- Broyat : BRF, Pré-compostage ou Paillage ?
- La faim d’azote
Pour approfondir vos connaissances sur le sujet, je vous recommande la lecture du livre Les Bois Raméaux Fragmentés, de Gilles Domenech et Eléa Asselineau.
N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous. Les retours d’expériences d’utilisateurs du BRF sont particulièrement bienvenus !