Tout jardinier bio qui se respecte se doit de tout mettre en œuvre pour économiser l’eau… et préserver cette ressource inestimable.
On ne peut en effet s’inscrire dans une démarche de développement durable sans tenir compte de la problématique de l’eau.
Paillage, récupération des eaux de pluies, arrosages raisonnés… Les moyens à notre disposition ne manquent pas !
Pourquoi économiser l’eau au jardin ?
L’eau est une ressource vitale. Sans eau, point de vie !
En France, certaines régions sont, ces dernières années, sujettes à des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues. Ainsi, en Dordogne (mon département), il ne pleut quasiment plus l’été et la pluviométrie annuelle de ces 3 dernières années est déficitaire de 30 à 50 % selon les endroits (les 2 premiers mois de l’année 2013 sont l’exception qui confirme la règle…).
Les spécialistes prévoient que, d’ici 2050, toute la moitié sud de la France (au minimum) aura un climat comparable à celui existant aujourd’hui au bord de la Méditerranée.
Il semble évident que l’eau deviendra à l’avenir source de conflits de plus en plus importants. Il est donc du devoir de chacun d’agir dès aujourd’hui à son niveau pour préserver, voir augmenter, les ressources en eau.
Les jardiniers (même si l’eau consommée par les ménages français ne représente que 5 % de la consommation totale) et à fortiori les agriculteurs, ont un rôle essentiel à jouer, notamment en terme pédagogique.
D’accord, mais que faire ?
Comment économiser l’eau ?
Chaque geste compte ! Le jardinier soucieux de la préservation de notre environnement naturel, dispose de différents moyens pour préserver les ressources en eau.
Ces moyens tournent autour de 2 axes principaux : récupérer les eaux de pluie et consommer moins (voir plus du tout) :
Récupérer les eaux de pluie
Les eaux de pluie constituent une source d’approvisionnement non-négligeable et gratuite (si ce n’est l’investissement de départ qui sera rapidement amorti). Les ruissellements sur un terrain pentu et bien sûr les toitures peuvent permettre de récupérer des quantités d’eau tout à fait considérables.
Les eaux ainsi récupérées doivent pouvoir être stockées pour répondre aux besoins en arrosage pendant les périodes sèches.
Il existe aujourd’hui dans le commerce des containers de toute contenance pouvant suffire à couvrir les besoins en eau d’un jardin. Mais, si l’on dispose de suffisamment de place, pourquoi ne pas envisager de creuser une mare ? Outre la formidable réserve d’eau ainsi constituée, la mare pourra ainsi accueillir des batraciens, auxiliaires précieux du jardinier !
Évidemment, disposer de suffisamment d’eau ne veut pas dire que l’on doive arroser à tout-va…
Consommer moins
Choisir des variétés adaptées
Les variétés anciennes et locales de légumes ou d’arbres fruitiers, parce qu’elles sont adaptées à notre terroir ou notre climat, sont en général moins gourmandes en eau et résistent mieux à la sécheresse.
Renseignez-vous autour de chez vous et voyez quelles variétés sont habituellement cultivées, notamment par les anciens. De même, les variétés ornementales, naturellement présentes dans votre région, sont à privilégier.
Couvrir le sol
De plus en plus de jardiniers couvrent aujourd’hui le sol de leur jardin, que ce soit avec un paillage classique, avec un mulch de déchets végétaux ou encore avec un BRF (Bois Raméal Fragmenté). Chacun peut alors facilement constater que le sol reste ainsi plus frais et humide. Les besoins en arrosage sont alors considérablement diminués.
Les adventices, s’il est vrai qu’elles peuvent parfois concurrencer les cultures, jouent également un rôle dans le cycle de l’eau. En effet, les réseaux racinaires des adventices favorisent les infiltrations des eaux de pluie, captent la rosée et produisent de l’humus…
Favoriser la constitution de l’humus
L’humus retient l’eau en été et fait office d’éponge en hiver.
Les apports de matières organiques (fumiers, compost, engrais organiques du commerce, mulch), en favorisant la constitution d’un humus, jouent donc également un rôle essentiel dans notre problématique d’économie en eau.
Ainsi plus le sol sera riche en humus, plus les besoins en arrosage diminuent…
Mais on peut aller encore plus loin en arrosant plus efficacement.
Comment arroser ?
Tout d’abord, tenez compte des pluies avant d’arroser. En termes d’arrosage, on considère une pluie comme valable à partir de 5 mm (sur une journée). Vous pouvez mesurer simplement les quantités avec un pluviomètre.
Quand il fait chaud, l’eau s’évapore avant même de pénétrer dans le sol. De ce constat, découle la première règle : ne jamais arroser en plein après-midi !
On conseille en général d’arroser le soir, ceci afin que l’eau puisse pénétrer en profondeur pendant la nuit. Si ce conseil est tout à fait justifié en fin de printemps et en été, il n’en va pas de même lorsque les nuits sont fraîches comme en début de printemps ou en automne. Pendant ces périodes, il est préférable d’arroser en fin de matinée, lorsque le sol s’est déjà quelque peu réchauffé.
Chaque plante a des besoins particuliers en eau. J’ai publié il y a quelque temps un article précisant les besoins. Voir cet article.
Habituez vos plantes à des arrosages espacés dans le temps. Elles iront chercher l’eau en profondeur et développeront ainsi un système racinaire plus important.
Quand vous arrosez, ne faites pas semblant, le sol doit être humide en profondeur. Mouiller la terre en surface de sert à rien.
Il est également recommandé d‘arroser au pied (directement au tuyau d’arrosage, si la surface à arroser est limitée, sinon les tuyaux gouttes à gouttes sont très pratiques) plutôt qu’en aspersion (une bonne partie de l’eau subit une évaporation importante avant même de toucher le sol). Ainsi, les économies en eau dépendent fortement du matériel utilisé.
Quel matériel utiliser pour arroser ?
Comme on vient de le voir, les systèmes par aspersion (sprinklers) sont à éliminer : non seulement, une grande partie de l’arrosage est perdue, mais en plus, on arrose inutilement les zones non cultivées. Grands consommateurs d’eau, ces systèmes n’ont rien d’écologiques.
Quand la surface est réduite, l’arrosoir demeure le meilleur outil pour économiser l’eau. On peut arroser au pied avec précision et utiliser la pomme pour rafraîchir les salades ou les choux (des légumes appréciant que l’on mouille leur feuillage).
Bien sûr, dès lors que l’on cultive une surface plus importante, l’arrosage à la main devient vite fastidieux. Deux solutions sont alors envisageables :
- Si le terrain est en pente et que l’on dispose d’un point d’eau ou d’une réserve en surplomb, on peut imaginer un réseau de rigoles serpentant entre les cultures. Il faut alors intégrer un système de vanne pour pouvoir gérer les arrosages.
- Les gouttes à gouttes ou les tuyaux micro-poreux constituent une autre alternative relativement économe en eau, d’autant plus si on les place sous un paillage. Sauf si le terrain est suffisamment pentu, ces systèmes requièrent une pompe pour être efficace. L’inconvénient étant alors l’investissement de départ (pompe + tuyaux).
- Un programmateur d’arrosage peut-être utile, notamment si vous devez vous absentez ou si vous manquez de temps…
Des solutions existent pour économiser l’eau au jardin.
Mettez tout en œuvre pour récupérer les eaux de pluies et réduire votre consommation. Nous devons cela aux générations futures.
Vos commentaires et compléments d’informations sont évidemment bienvenus !