Benoît, jardinier passionné par les engrais verts, nous présente ici un article consacré aux mélanges de couverts végétaux au potager naturel.
Bonne lecture,
Gilles
Bonjour à tous,
Puisque je me suis proposé auprès de Gilles pour développer un peu le sujet des engrais verts (ou couverts végétaux) à votre attention, et qu’il a eu l’amabilité et l’amitié d’accepter, j’en profite au passage, et en premier lieu, pour le remercier chaleureusement.
Je jardine sérieusement (mais sans me prendre au sérieux) depuis peu de temps, je me suis réveillé tard. Le jardin, à la maison, se veut tout autant expérimental que vivrier. Il y a aujourd’hui presque 400 m2 cultivés. Les couverts végétaux prennent beaucoup de place au jardin et dans mon jardinage, tant dans le semis concret que dans l’élaboration que je fais du jardin (plan d’assolement, associations, rotations, dérobé, intercalaire…).
Si bien qu’aujourd’hui, une culture vivrière est toujours suivie d’un couvert. Le couvert revient une fois sur deux. Ce qui me permet de tendre vers l’autonomie en paillage, et de limiter les intrants (paille, foin) pour l’augmentation/entretien de la fertilité et de la vie de ma terre.
Mais je développerai cela un peu plus tard car – c’est une autre question – il y a lieu de tenir compte des natures du couvert précédent et de la culture précédente dans le schéma général de rotation.
Avant de vous proposer concrètement des fiches, variété par variété, pour chacune des plantes les plus utilisées en couverture végétale, je vous propose d’apprendre la règle de calcul, assez simple, grâce à laquelle il est possible de doser vos propres mélanges de couverts en fonction des espèces semées, de la composition du mélange, et de la superficie à semer.
Règles de calcul pour un mélange de couvert
Il faut diviser la dose de semis en graine pure à l’hectare par le pourcentage souhaité pour la variété dans le mélange. Puis par une règle de trois, ramener la quantité obtenue à celle dont vous aurez besoin dans votre superficie à semer.
Résultat final auquel il convient d’ajouter 15 à 20 % pour parer aux aléas et aux difficultés potentielles de levée et d’homogénéité du semis.
Formule du mélange de couvert :
(dose en pur à l’hectare) x (pourcentage dans le mélange) x (N / 10000).
Unités :
Dose en pur : en grammes par hectare.
N (superficie à semer): en mètres carrés.
Exemple de mélange de couverts
Prenons un exemple d’un mélange de couverts végétaux hivernant Seigle 40 %/Vesce Velue 25 %/Trèfle Incarnat 20 %/ Ray-Grass Italien 15 %. La superficie à semer sera de 400 m2.
Les doses en pur sont les suivantes :
Seigle : 25 à 80 Kg/Ha. Nous prendrons ici une valeur médiane, 60 Kg/Ha.
Vesce Velue : 30 à 50Kg/Ha, nous prendrons ici 40Kg/Ha.
Trèfle Incarnat : 25Kg/Ha
Ray-Grass Italien : 20 Kg/Ha
Ce qui donne, une fois calculé :
Seigle : 60000 x 40/100 = 24000 g/Ha. Soit pour 200m2 : 24000 / (10000/200=50) = 480 g/200 m2. Avec 20 % de sécurité cela donnera 480 x 1,2 = 576 g de seigle pour 200 m2 à semer avec le mélange précité.
Selon le même calcul, nous obtenons 240 g de Vesce, 120 g de Trèfle et 72 g de Ray-Grass.
Poids total : 576 + 240 + 120 + 72 = 1 008 g pour 200 m2.
Pour l’exemple, mon mélange de couvert « tout fait », acheté dans le commerce, est dosé à 500 g à l’are. On voit que le calcul que je vous tope ici dans la main est tout à fait dans les clous…
Petits conseils pour vos mélanges d’engrais verts :
Vu le prix de la semence de couvert, souvent gratuite, car de récupération auprès de vos amis jardiniers ou agriculteurs (qui ont toujours des fonds de paquets), et le service qu’un engrais vert nous rend dans l’assolement (c’est une stricte nécessité pour maintenir voire développer une fertilité saine, produite gratuitement et localement sans autre intrant que des plantes), n’hésitez pas à semer bien, bien dru… C’est autant de paille qui retournera au sol pour permettre sa vie, ce sont autant de minéraux qui seront immédiatement disponibles pour vos cultures suivantes.
D’où mon deuxième conseil, entendu par moi de la bouche de quelqu’un de très expérimenté en la matière : fertilisez vos mélanges de couverts. Et non vos cultures. Mathématiquement, c’est bien plus intelligent, et bien plus payant à court, moyen et long terme. Un sol vivant est tout ce dont vous avez besoin. Le reste est payant, cher, polluant, dégradant pour le sol, mortifère, inefficace à moyen terme, et ne fait jamais que permettre à des super-firmes de faire tourner la machine bien huilée de l’esclavage paysan. C’est donc facultatif. Un sol vivant, c’est un sol toujours couvert, jamais travaillé, et toujours pourvu d’une plante active en son sein.
Je me ferai un plaisir de vous faire, plante par plante, une fiche développée que je proposerai à Gilles.
Avec toutes mes amitiés et encouragements,
Benoît