Connaitre son Sol : déterminez simplement la texture et le PH de votre terre

La nature du sol est à mon sens un élément primordial dans un jardin en permaculture.

C’est pourtant une connaissance souvent négligée.

Nous allons tenter ici d’y remédier…

Pourquoi devez-vous connaître la nature du sol de votre jardin ?

De la nature du sol dépendront en grande partie les actions à entreprendre dans votre jardin.

Par exemple :

  • Le compost sera t-il adapté ?
  • Quel type de fumier utiliser, et quand ?
  • Avec quels matériaux pailler, quand, avec quelle épaisseur ?
  • Une culture d’engrais verts est-elle appropriée ?
  • À quelle fréquence arroser ?
  • Quelles plantes vont s’y plaire, et lesquelles auront du mal à s’adapter ?

Je pourrais ajouter de nombreuses autres actions pour lesquelles cerner la nature du sol est indispensable…

Ne pas s’en soucier, c’est donc se tirer une balle dans le pied !

Chaque année, ou presque, apparaissent des méthodes « miracles » de jardinage…

Force est de le constater : elles ne tiennent en général pas compte de la nature du sol !

 

Alors, libre à vous de jeter les dés et espérer qu’ils retombent sur la bonne face (après tout, certains jardiniers réussissent avec ces méthodes – il suffit pour cela que les conditions de culture coïncident à peu près avec celles du créateur de la méthode).

Libre à vous donc de risquer de gaspiller beaucoup de temps et d’énergie (voir d’argent pour certaines méthodes) pour finalement vous décourager…

OU de partir sur de bonnes bases en déterminant la nature du sol de votre jardin.

C’est ce que je vous propose à présent.

Comment déterminer la nature du sol de votre jardin ?

Effectuer une analyse chimique de son sol coûte relativement cher.

Mais, en observant les plantes présentes naturellement sur un terrain et en effectuant quelques tests basiques, vous aurez une idée relativement fiable de la nature du sol de votre jardin.

Ce n’est certes pas aussi précis qu’une analyse chimique, mais vous aurez les indications essentielles pour démarrer votre jardin dans de bonnes conditions, ou en rendre la terre plus vivante et fertile.

Commençons par la texture du sol…

La texture

En jardinage bio, connaître la nature de son sol est essentiel...
En jardinage bio, connaître la nature du sol de son jardin est essentiel…

Nous allons déterminer ici la granulométrie (texture), c’est-à-dire les types de particules composant notre sol :

  • Argiles : ce sont les particules les plus fines. Un sol majoritairement argileux est lourd, se réchauffe lentement et se fendille en cas de sécheresse (attention avec le paillage ou le BRF). Il retient efficacement l’eau et les engrais. Les apports de matières organiques doivent être espacés dans le temps, mais copieux.
  • Limons : les limons constituent le stade intermédiaire entre argiles et sables. Les terres limoneuses sont en général battantes et se tassent facilement. Des engrais verts et une couverture du sol sont bénéfiques et parfaitement adaptés à ce type de sol. Ce sont des terres souvent idéales pour les cultures légumières et les arbres fruitiers.
  • Sables : le sable est l’élément le plus grossier. Ce sont les sols légers. Les terres sableuses se réchauffent facilement et permettent ainsi des cultures précoces. Pauvres en matières organiques (car les retenant à peine), les apports de matières organiques (fumiers, composts, feuilles mortes, pailles, foins, coupes d’herbes, résidus de récolte, brf…) doivent y être fréquents et modérés. Les sols sableux sèchent également facilement. Souvent acides, il peut alors être utile d’y apporter également des amendements calcaires (type lithothamne). Les engrais verts y sont en général déconseillés, car puisant dans les faibles réserves.

Bien entendu, les sols ne sont jamais totalement sableux, limoneux ou argileux, mais contiennent des proportions variables de ces éléments. Par exemple, un sol est dit sablo-limoneux s’il contient une majorité de sable ainsi qu’une quantité notable de limons…

 

Observer la végétation spontanée pour avoir de premières indications sur la texture d’un sol

Certains végétaux peuvent indiquer la nature du sol.

On les appelle plantes bioindicatrices.

Ainsi, dans les sols lourds, on trouvera fréquemment, des renouées persicaire, des chardons, du laiteron, ou encore de l’agrostis rampant

Dans les sols légers, les pensées des champs ou l’anthémis des champs forment naturellement des colonies importantes.

Ces plantes ne sont significatives que lorsqu’elles sont dominantes.

 

Déterminer grossièrement la texture d’un sol avec le test de la pâte à tarte

Pour confirmer votre analyse faite sur l’observation de la végétation spontanée, faites le test dit de la « pâte à tarte« .

Prenez une poignée de terre humide (ou mouillez-la au besoin) et étalez-la en la roulant avec une bouteille.

L’épaisseur de la pâte que vous parviendrez à obtenir, sans qu’elle se brise, vous indique la texture de votre sol :

  • Sol argileux : moins de 3 mm d’épaisseur.
  • Sol limoneux : de 3 à 5 mm d’épaisseur.
  • Sol sableux : impossible d’étaler la pâte sans la briser.

 

Découvrez d’autres tests, tout aussi simples à réaliser, mais plus précis, dans Mon Potager au Naturel

 

Que faire de ces observations ?

Quelle que soit la nature du sol, on ne le modifiera pas du jour au lendemain (à moins d’y renouveler totalement la terre)… Toutefois, des apports réguliers de compost allégeront les sols lourds et donneront plus de corps aux sols légers.

Les sols légers nécessitent des apports fréquents mais modérés de compost alors que les sols lourds profitent au mieux d’apports espacés dans le temps, mais copieux.

 

Le PH (terre acide ou calcaire ?)

On déterminera ici le ph d’un sol :

  • Un sol est acide si son ph est inférieur à 7 ;
  • Il est neutre si son ph est égal à 7 ;
  • Il est alcalin (ou basique) si son ph est supérieur à 7.

Certaines plantes supportent mal le calcaire, d’autres les sols acides (qui favorisent par exemple des maladies sur le chou)… Le jardin idéal a un ph proche de la neutralité car il pourra ainsi accueillir la plupart des cultures.

Avec des moyens très simples, on pourra déterminer la tendance de notre sol :

 

Test du vinaigre pour savoir si un sol est calcaire (ou alcalin)

Pour savoir si un sol est calcaire, versez un peu de vinaigre blanc dessus :

  • Si une réaction effervescente se produit, le sol est calcaire ;
  • Si la réaction est très faible, il est proche de la neutralité ;
  • Si elle est nulle, il est neutre ou acide… Le test du bicarbonate va nous permettre de préciser cela…

 

Test du bicarbonate pour savoir si un sol est acide

Le test du bicarbonate de soude vous indiquera si votre sol est acide :

  • Mélangez un échantillon de terre avec un peu d’eau déminéralisée (au PH neutre) ;
  • Versez du bicarbonate de soude sur ce mélange ;
  • Si vous pouvez observer une réaction, votre terre est acide.

 

En résumé :

  • Effervescence au test du vinaigre = sol calcaire (plus l’effervescence est importante, plus le sol est calcaire) ;
  • Effervescence au test du bicarbonate = sol acide (plus l’effervescence est importante, plus le sol est acide) ;
  • Aucune effervescence, ni avec le vinaigre, ni avec le bicarbonate = sol neutre (ou proche de la neutralité).

 

Plantes bio-indicatrices du PH

De même, la végétation spontanée donne une indication très fiable de l’acidité d’un sol :

La fougère indique un sol acide
La fougère indique un sol acide.
  • Dans les sols acides, on trouve fréquemment de la bruyère, des fougères, genêt à balais, de la petite oseille, de la digitale pourpre, de l’ajonc, des châtaigniers
  • Dans les sols calcaires, on trouvera notamment de la chicorée sauvage, de l’ellébore, de la moutarde des champs, du sainfoin, de la sauge des prés, du viorne, des cerisiers, des ormes, des sureaux…

Pour une mesure plus précise, utilisez un PH mètre pour le sol.

 

Que faire de ces observations ?

Un sol trop acide peut être amélioré par des apports d’amendements calcaires (lithothamne par exemple) ainsi que d’engrais organiques riches en calcium.

Un sol au contraire calcaire bénéficiera de cultures d’engrais verts comme la moutarde… Les amendements et engrais riches en calcium sont évidemment à proscrire. Mais pourquoi ne pas tester alors un BRF constitué notamment de résineux (ce qui est en général déconseillé) pour acidifier quelque peu un sol trop calcaire ?

 

La richesse en matières organiques

Mais ce qui importe le plus au jardinier bio, n’est-ce pas avant tout la richesse de son sol, et notamment sa teneur en humus (matières organiques stables représentant environ 85 % des matières organiques totales du sol, le reste étant constitué de matières organiques en cours de décomposition) ?

En effet, un sol fertile doit contenir au moins 5 % de matières organiques.

 

Observer la flore spontanée nous donne une indication intéressante sur la richesse d’un sol

Ce tapis d'ortie témoigne de la richesse du sol
Ce tapis d’ortie témoigne de la richesse du sol

S’il est compliqué de repérer sans analyse les éventuelles carences d’un sol, on peut néanmoins avoir une bonne idée de sa richesse en humus, ceci par une simple observation de la flore présente naturellement dans votre jardin.

Ainsi, petites et grandes orties, chénopodes, amarantes, chiendent, arroches, lamiers blancs et lamiers pourpres, sureau noir, mouron blanc, mercuriale annuelle… sont des plantes indiquant un sol riche en humus.

La présence de ces plantes, surtout si elle est particulièrement marquée, est un signe encourageant. Mais, n’oubliez pas que même si votre terre est fertile, il convient néanmoins de la nourrir.

 

Observer ses cultures pour avoir une idée de la richesse d’un sol

De même l’observation de vos cultures donne de précieuses indications sur la richesse de votre sol.

Dans un sol suffisamment riche en humus, on observera une croissance rapide des plantes cultivées et un feuillage bien développé.

 

Que faire de ces observations ?

Quelle que soit la richesse de votre sol, continuez à le nourrir efficacement avec des matières organiques diverses : fumiers, compost, mulch (pailles, foin, herbes coupées, BRF…).

Se faisant, vous maintiendrez, voire améliorerez, la teneur en humus de la terre de votre jardin… qui vous le rendra en récoltes abondantes.

 

Et si votre sol est vraiment peu profond, trop pauvre, caillouteux, difficile à travailler… envisagez peut-être un potager en lasagnes ?

Pour aller plus loin…

Voilà, j’espère que ce petit article, vous aura permis de mieux cerner la nature du sol de votre jardin et de pouvoir maintenant en tirer les leçons qui en découlent…

Voici quelques articles complémentaires :

 

Découvrir votre terre, et partant de cette connaissance, la rendre vivante et fertile (ce qui signifie entre autres que vous y ferez de belles récoltes), et ce, de façon durable (Beaucoup de sols meurent… Au moins, celui que vous transmettrez aux générations futures aura des chances d’être vivant… si nous n’avons pas tout détruit avant…), c’est ce que je vous propose dans mon guide pratique (livre imprimé ou format PDF) intitulé Mon Potager au Naturel.

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