« Ça pousse comme du chiendent ! »
Cette expression populaire n’existe pas par hasard… Car s’il est une plante qui réussit à pousser malgré tout ce que l’on peut lui faire subir, c’est bien celle-ci.
Chaque jardinier a eu l’occasion au moins une fois dans sa vie de se frotter à cette plante vivace aux longs rhizomes traçants et à son extraordinaire capacité de multiplication.
Le chiendent est ainsi justement considéré comme une herbe envahissante.
Cependant, cette plante a de nombreuses vertus thérapeutiques et culinaires souvent méconnues.
Dans cet article, nous allons d’abord découvrir les bienfaits du chiendent et comment l’utiliser de manière bénéfique.
Puis nous en viendrons aux méthodes naturelles pour venir à bout du chiendent. Je ne vous cache pas que cela demandera une certaine ténacité.
Mais avant cela, commençons par faire un peu mieux connaissance avec cette graminée.
Présentation du chiendent
Le chiendent est une plante herbacée vivace, de la famille des Poaceae, plus connue sous le nom de graminées.
Originaire d’Europe et d’Asie, il a été introduit dans de nombreuses régions du monde, notamment en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
D’abord cantonné aux sables d’alluvions, il se retrouve aujourd’hui fréquemment dans les prairies, les pâturages, les champs, les bords de route, les terrains vagues, les vignes, les terres cultivées… et les jardins…
Le chiendent peut atteindre jusqu’à 1,5 mètre de hauteur.
Il a des feuilles étroites et allongées, ainsi que des tiges rampantes et souterraines appelées rhizomes, qui lui permettent de se propager rapidement.
Le chiendent fleurit en été (de juin à septembre). Ses fleurs sont petites et vertes, regroupées en épis.
Avant de voir comment l’éliminer (j’imagine que c’est avant tout ce qui vous intéresse ici…), penchons-nous quelques instants sur les utilisations possibles du chiendent.
Le chiendent, une plante utile…
Plante médicinale
La plante est riche en composés actifs tels que les polysaccharides, les alcaloïdes, les saponines et les flavonoïdes, qui ont des effets anti-inflammatoires, antioxydants et diurétiques.
Le chiendent est ainsi largement utilisé en médecine traditionnelle pour traiter une variété de troubles, notamment les problèmes digestifs, les infections urinaires, les douleurs articulaires et la fatigue.
Il est également utilisé pour stimuler la digestion et soulager les symptômes de la constipation.
Les racines de la plante sont riches en inuline, un type de glucide qui peut aider à réguler le taux de sucre dans le sang.
Il aurait enfin un effet apaisant sur le système nerveux.
Voyez ici pour plus de détail sur l’utilisation du chiendent comme plante médicinale (l’avis d’un médecin demeure recommandé).
Utilisation culinaire du chiendent
Le chiendent est également utilisé en cuisine pour ses racines comestibles (texture croquante et goût légèrement sucré).
Les racines peuvent être préparées de différentes manières, notamment bouillies, grillées ou rôties, et utilisées dans les salades, les soupes et les ragoûts.
Le chiendent est également utilisé pour faire du thé et de la bière.
Certes, tout cela est bien sympathique… Mais je ne connais pas un jardinier qui soit heureux de voir le chiendent envahir ses parcelles de cultures…
Pourquoi le chiendent se développe-t-il ?
Selon « l’encyclopédie des plantes bioindicatrices, alimentaires et médicinales » de Gérard Ducerf, le chiendent indique une fatigue ou une dégénération du sol à cause d’une multitude de labours, des excès de nitrate et de potasse, un compactage des sols limoneux à pH élevé et un fort contraste hydrique.
Notre objectif sera donc de régénérer ce sol, en le décompactant, permettant ainsi tout à la fois une aération, une bonne circulation de l’eau et l’élimination des éléments minéraux en excès.
Comment éliminer le chiendent ?
De par ses longs rhizomes traçants, le chiendent est une plante particulièrement difficile à éliminer.
De plus, un simple petit bout de rhizome restant dans le sol donnera à nouveau naissance à une plante envahissante…
Pour en venir à bout, la combinaison de plusieurs techniques sera probablement nécessaire. Et vous devrez vous armer de persévérance (il faudra sans doute quelques années).
Techniques manuelles
Si vous remarquez une jeune pousse de chiendent dans une planche de culture, arrachez-la à la main, au plus vite. Opérez après une bonne pluie afin d’essayer d’extraire la totalité du système racinaire (c’est possible si la plante commence tout juste à se développer).
De même, un travail à la Grelinette ou à la Campagnole, dans une terre encore légèrement humide, peut permettre de soulever et d’extraire le système racinaire d’une jeune pousse en totalité.
Il est important de retirer toutes les racines, car même une petite partie peut repousser…
Notons ici que l’utilisation d’un motoculteur, ou d’une motobineuse, dans une terre envahie par le chiendent est la pire chose à faire. En effet, la fraise va découper les rhizomes du chiendent en une multitude de petits morceaux… Morceaux qui ne demanderont qu’à se développer…
En été, sarclez pour affaiblir la plante…
Autant dire que ces techniques manuelles, bien qu’utiles pour éviter qu’une nouvelle pousse se développe, mais aussi pour affaiblir un peu la plante, ne suffiront en général pas.
Nous les compléterons donc pas diverses pratiques…
Bâchage
Il s’agit de couvrir la zone infestée de chiendent avec une bâche opaque et épaisse pendant au moins 6 mois. Je vous conseillerais même une bonne année…
Cela prive la plante de la lumière dont elle a besoin pour survivre.
Cette méthode est efficace. Je vous la recommande en particulier pour mettre en culture une nouvelle parcelle envahie de chiendent.
Notez qu’un paillage classique (avec des matériaux végétaux), même épais, ne suffira probablement pas… Le chiendent le traversera sans problème…
Culture d’engrais verts
Nous allons ici nous attaquer à la cause du problème, notamment en cherchant à décompacter le sol. Et ce, à différentes profondeurs.
Pour cela, nous sèmerons, tant que le chiendent demeure présent, en fin d’été/début de printemps, un mélange d’engrais verts, avec par exemple :
- De la phacélie, se développant rapidement et ayant la faculté d’étouffer les adventices les plus coriaces comme le chiendent ;
- Du trèfle incarnat, réputé rivaliser avec le chiendent pour les nutriments et l’eau, ce qui peut aider à limiter sa croissance ;
- Du colza ou de la moutarde blanche, des brassicacées (crucifères) à croissance rapide, afin de couvrir efficacement le sol, tout en le travaillant naturellement plus en profondeur.
Épandage de compost sur une grande épaisseur
Selon Charles Dowding, dont la méthode de culture consiste à épandre 40 cm d’épaisseur de compost la première année, le chiendent a ainsi totalement disparu de son terrain pourtant très infesté.
Je crois sans mal qu’une telle masse ait pu étouffer notre adventice… Mais cette méthode de culture présente à mon sens quand même quelques problématiques à ne pas négliger (voyez l’article sur sa méthode).
Implantation de plantes nocives pour le chiendent
En me documentant pour la rédaction de cet article, je lis ici ou là que certaines plantes secréteraient des substances toxiques pour le chiendent et permettraient de l’éliminer des jardins.
Parmi ces plantes, on peut citer l’œillet d’Inde, la rose d’Inde et le souci.
Je reste personnellement un peu sceptique… Mais comme ces fleurs sont par ailleurs utiles dans un potager, ne vous privez pas d’en implanter dans votre jardin !
Le vinaigre blanc
Le vinaigre blanc est un herbicide naturel qui peut tuer le chiendent… Mais également des plantes environnantes…
Ce matériau fortement acide n’est pas non plus sans incidence négative sur la vie du sol… Je ne conseille donc pas vraiment cette approche.
Et vous-même, le chiendent vous pose t-il problème ?
Avez-vous des méthodes naturelles efficaces à partager pour en venir à bout ?
Vos commentaires sont attendus…