Il semble à priori aisé de récupérer les graines de courges.
Et ça l’est si votre but est de les consommer.
Mais ça se complique un peu si vous voulez reproduire fidèlement une variété pour vos semis, qu’il s’agisse d’un potimarron, d’une butternut, d’une citrouille, d’un potiron, ou d’une courgette par exemple.
En effet, les hybridations sont fréquentes avec des résultats parfois très décevants (dégénérescence marquée de la variété, fruits immangeables).
Mais précisons déjà que nous parlons ici de reproduire des semences… reproductibles.
C’est-à-dire des graines de variétés anciennes, stabilisées (voyez ici une liste de semenciers bio proposant des variétés anciennes), en opposition aux hybrides F1 que vous ne pourrez de toute façon pas reproduire (c’est le but « caché » de ces hybrides modernes… vous obliger à acheter tous les ans des graines).
Les différentes espèces de courges
Les courges (genre Cucurbita) appartiennent à la famille des cucurbitacées.
On trouve différentes espèces (en gras ci-dessous) de courges, comprenant elles-mêmes des sous-espèces (en italique ci-dessous)… au sein desquelles on trouve encore de nombreuses variétés :
- pepo : courgettes (Black beauty, ronde de Nice, grise d’Alger, Zuboda…), pâtissons, citrouilles, courges à graines nues, courges spaghetti, Jack O’Lantern…
- maxima : potirons (rouge vif d’Etampes, bronzé de Monthléry, jaune Gros de Paris, bleu de Hongrie…), potimarrons (Red Kuri, Solor…), courges brodées, courge de Hubbard, Griraumon…
- maschata : courges musquées Butternut, Sucrine, de Provence, longue de Nice…
- mixta : courges mexicaines
- ficifolia : courge de Siam
Au sein du genre Cucurbita (les courges), les croisements sont fréquents entre 2 légumes appartenant à la même espèce (et encore plus s’ils appartiennent à la même sous-espèce). Mais il n’y a pas d’hybridation entre courges d’espèces distinctes.
Pollinisations croisées et risques d’hybridation des graines de courges
À ce stade, vous vous dites peut-être que vous ne risquez pas de croisements intempestifs puisque vous ne cultivez qu’une variété par espèce (par exemple une variété de courgette, un potimarron et une butternut).
D’accord…
Mais il faut aussi tenir compte du voisinage…
Car, à moins de vivre dans un lieu isolé, vous n’êtes sans doute pas seul(e) à jardiner dans le coin…
Et les insectes pollinisateurs ne connaissent pas de frontières… Ils sont, en tout cas, capables d’aller polliniser une fleur se trouvant à plusieurs centaines de mètres (on considère ainsi une distance de sécurité minimale de 500 m à plus d’un kilomètre).
En deçà de ces distances, les hybridations sont possibles…
Aussi, même si l’on ne cultive soi-même qu’une variété unique par espèce, reproduire avec fidélité une variété définie est très incertain.
Alors, vous pouvez tout à fait laisser faire la nature et peut-être allez-vous devenir ainsi l’inventeur d’une nouvelle variété (après tout, la plupart des variétés existantes sont le fruit du hasard).
Qui sait ?
Mais dans la majorité des cas vous risquez de vous retrouver, lorsque vous sèmerez les graines de fruits fécondés sans aucune précaution, avec des fruits immangeables… voire dangereux pour la santé (voyez ici).
Aussi, si vous voulez être certain(e) de reproduire fidèlement vos graines de courges, la fécondation manuelle est alors la solution qui s’impose.
Fécondation manuelle des courges
Voici comment procéder pour féconder manuellement les courges :
- Identifiez les fleurs femelles : l’ovaire (mini fruit) est visible à la base de la fleur. Ce sont les fleurs femelles qui vont former des fruits ;
- Protégez les fleurs femelles sélectionnées pour la reproduction : procédez le matin sur des fleurs prêtes à s’ouvrir. Enveloppez les fleurs du pédoncule au sommet avec un sachet de protection pour les fruits, une feuille de gaze ou encore un bout de voile non tissé. Fermez les 2 extrémités avec un lien léger (ficelle de sac-poubelle par exemple) ;
- Prélevez une fleur mâle sur un autre pied de la même variété (sauf si vous voulez au contraire créer une hybride). Prélevez une fleur mâle juste ouverte. Supprimez ses pétales ;
- Fécondation : retirez l’enveloppe posée sur la fleur femelle. Elle doit alors s’ouvrir naturellement, sinon elle n’est pas prête à être fécondée. Frottez délicatement l’étamine de la fleur mâle sur le pistil de la fleur femelle (voir la vidéo ci-dessous) ;
- Refermer et ligaturer de nouveau la fleur femelle jusqu’à ce qu’elle soit fanée.
Récupérer les graines de courges pour vos semis
Voyons enfin comment récupérer vos graines de courges :
- Récoltez la courge fécondée à maturité optimale, le plus tard possible (avant des gelées) ;
- Entreposez les courges au chaud dans la maison ;
- Prélevez les semences pendant l’hiver (les graines seront alors arrivées à maturité parfaite) ;
- Coupez les courges en deux puis extrayez les graines à la main ;
- Lavez soigneusement les semences en les trempant dans de l’eau ;
- Éliminez les graines vides (elles flottent) ;
- Laissez les sécher dans un endroit sec et aéré ;
- Lorsqu’elles sont bien sèches, stockez les graines à l’abri de la lumière dans un endroit frais (mais non gélif) et sec.
Source : « Le plaisir de faire ses graines », de Jérôme Goust.