Qu’est-ce que le paillage ?
Le paillage se définit par l’action de couvrir le sol du potager, ou plus largement du jardin, avec des matériaux divers.
Cette pratique a pour but de protéger les cultures des intempéries, de limiter les arrosages, et de contenir le développement des herbes indésirables.
Les matériaux organiques, en se décomposant auront également pour effet d’enrichir le sol.
Au potager naturel, le paillage présente toutefois quelques inconvénients.
Par exemple, mis en place trop tôt dans la saison, cette couverture du sol empêchera ce dernier de se réchauffer correctement.
Et les rongeurs, mais aussi les limaces, aiment s’y réfugier…
Mais distinguons le paillage du mulch (paillis en français).
On apporte un paillage en une seule fois pour couvrir le sol pour une culture.
Alors que le mulch a un objectif plus permanent et nourricier pour la terre (on continuera d’apporter des matériaux régulièrement par-dessus), ne permettant ainsi jamais au sol de rester à nu…
Mais c’est là plus une question de rhétorique qu’autre chose…
Dans la pratique, notre objectif sera bien, quel que soit le terme utilisé, de préserver le sol, tout en le nourrissant… lui conférant ainsi, au fil des apports et des saisons, une fertilité certaine.
Pourquoi pailler son potager ?
Pailler pour protéger les plantes cultivées des intempéries
Le fait de couvrir le sol limite les effets du climat sur celui-ci et sur les diverses formes de vie qui y prospèrent.
Mais voyons plus précisément en quoi le paillage protège des intempéries :
- Il atténue les conséquences d’une canicule, à savoir un réchauffement excessif et un dessèchement du sol (avec une terre durcissant jusqu’à l’apparition de crevasses) ;
- Il aide à retenir les eaux de pluies et évite le ravinement en cas de fortes précipitations ;
- Il limite l’évaporation et donc les besoins en arrosage ;
- Il atténue l’effet des brusques variations de températures et protège ainsi les habitants du sol.
Nourrir la terre de votre potager par un paillage organique
Les matériaux organiques « verts », se décomposant facilement, seront absorbés, digérés puis finalement transformés, par les êtres vivants du sol, en éléments nutritifs rapidement et directement disponibles pour les plantes cultivées.
Aussi, l’herbe, le fumier (peu pailleux) ainsi que toutes sortes de matières organiques riches en azote, en se décomposant, fournissent une nourriture abondante, rapidement disponible et particulièrement appréciée des légumes gourmands.
À l’inverse, la paille, les feuilles mortes, le fumier pailleux, des matériaux plus ligneux (carbonés), en favorisant l’élaboration d’un humus stable, auront un effet bénéfique durable sur la structure et la vie du sol.
Le foin, le broyat de miscanthus ou le BRF par exemple sont plutôt équilibrés (entre azote et carbone).
Et c’est au demeurant cette recherche d’équilibre qui doit dicter la marche à suivre lorsque l’on veut couvrir le sol de son jardin.
Pour bien évoluer, les matériaux bruns ont besoin de la présence de matériaux verts (l’azote contenu dans les seconds favorisant la décomposition des premiers).
Les matériaux verts nourrissent les plantes… mais pas le sol.
Ces types de matières organiques sont donc tout simplement complémentaires.
Observez les saisons…
Concrètement, alternez au mieux, au fil des saisons (et donc des matériaux disponibles en une saison donnée), les apports de matériaux bruns (ligneux) et matériaux verts (azotés).
Et ça tombe bien…
Les matériaux naturellement disponibles au printemps sont plutôt des matériaux verts (tontes, tailles, orties, feuilles de consoude, résidus végétaux divers), qui vont se décomposer en quelques semaines, et libérer ainsi de l’azote et autres éléments minéraux.
Et ce sont ces éléments qui nourriront directement les plantes que vous allez cultiver tout au long de la saison.
À l’automne nous trouvons plus facilement des matériaux bruns (feuilles mortes, branchages, paille…)…
Grâce à l’apport de ces matériaux ligneux, votre terre va se transformer, peu à peu en humus stable.
Elle en deviendra chaque année un peu plus fertile.
Pailler pour freiner le développement des adventices (« mauvaises herbes »)
Une épaisse couverture du sol étouffera les adventices et empêchera ainsi leur prolifération au sein des cultures potagères.
Malgré tout, certaines herbes particulièrement virulentes (chiendent, liseron, rumex…) arriveront à la traverser.
Mais elles pourront alors s’arracher beaucoup plus facilement (en tout cas après des pluies) que sur un sol nu.
Bon… si vous laissez le liseron coloniser un mulch, ça risque de devenir compliqué… Donc, agissez vite et régulièrement.
Quels sont les inconvénients du paillage au potager ?
Mais pailler le sol de son potager ne présente pas que des avantages…
Il y a aussi quelques inconvénients à ne pas négliger :
- Les limaces et les rongeurs adorent y nicher, engendrant de fréquents dégâts, notamment sur de jeunes plants ;
- En début de saison, un sol couvert aura du mal à se réchauffer ;
- En épaisseur trop importante, ou constitué de matériaux durs, le paillis pourra engendrer une faim d’azote.
Nous reviendrons sur ces différents aspects plus loin dans l’article.
Avec quoi pailler son potager ?
Les matières organiques utilisées pour le paillage
De nombreux matériaux organiques peuvent être utilisés. Chacun d’entre eux ayant ses avantages et inconvénients :
- La paille laisse passer l’air et l’eau et est très efficace pour entraver le développement des « mauvaises herbes ». Contenant peu d’azote, son action est par contre insignifiante en ce qui concerne les apports d’éléments nutritifs pour les plantes. A terme, la paille participe à l’élaboration d’un humus stable, favorable à la vie du sol, et à de belles récoltes ;
- Le foin ou divers végétaux issus du nettoyage du jardin sont des matériaux laissant passer eau et air et sont de plus riches en éléments nutritifs. Il est par contre susceptible de contenir des graines d’adventices…
- Les tontes de gazon constituent également une bonne nourriture pour les cultures. Notez toutefois qu’en couche épaisse l’air et l’eau y circule mal (ce qui peut entraîner l’asphyxie du sol). Et de nombreuses adventices traverseront sans problème une couche fine…
- Les orties apporteront de l’azote et serviront ainsi d’activateur naturel de compost ;
- Les feuilles de consoude, particulièrement riche en potasse, fourniront cet élément ;
- Les fanes de légumes peuvent également être utilisées en paillis, avec une action nourricière assez rapide, mais un effet protecteur moyen ;
- Les fougères ont des qualités similaires à la paille, bien que se décomposant un peu plus rapidement. Elles constituent également un rempart contre les limaces, avec une limite si celles-ci sont nichées à l’intérieur du mulch ;
- Le compost constitue une excellente couverture du sol, alliant protection contre les intempéries et nourriture pour la terre. De par sa couleur noire, il aide également au réchauffement de ce dernier. Néanmoins, son action sur les adventices sera insignifiante. Et il n’est pas évident de disposer de quantités suffisantes…
- Les engrais verts déjà bien développés constituent également un matériau pour la couverture du sol. Jeunes, leurs qualités sont comparables aux tontes de gazon ;
- Les feuilles mortes, abondantes à l’automne, sont des matériaux équilibrés, voire plutôt carbonés, très utiles pour rééquilibre la couverture ;
- Le BRF (Bois Raméal Fragmenté) couvrira efficacement le sol et l’enrichira en se décomposant ;
- Les toiles de paillage biodégradables : fabriquées à partir de matières végétales (chanvre ou fibres de coco par exemple), ces toiles biodégradables ont un coût conséquent, avec une durée de vie, par définition (« biodégradable »), limitée (1 saison à quelques années). Elles sont par contre très pratiques ;
- le carton : efficace pour étouffer les adventices, le carton, en se décomposant, apportera un peu de carbone au sol.
Autres matériaux pour le paillage
Citons des matériaux comme la pierre ; les tuiles cassées, les cailloux ou encore les bâches plastiques.
Ces matériaux, bien qu’efficaces pour empêcher le développement des herbes indésirables, ne produiront aucun effet sur l’enrichissement du sol.
Comment pailler son potager ?
Quelles cultures pailler ?
Théoriquement, toutes les cultures peuvent être paillées, des légumes aux arbres fruitiers, en passant par les aromates, les petits fruits, ou les fleurs.
Toutefois, le paillage au potager, peut parfois être source de problèmes.
Je pense en particulier ici aux limaces et aux petits rongeurs, aimant se nicher dans un bon paillis…
Quels légumes ne pas pailler (en tout cas en début de culture) ?
Et de fait, je ne plante jamais mes premières salades printanières sur une planche paillées… Car en une nuit, il n’en resterait plus rien (j’en ai fait maintes fois l’expérience). Je préfère donc planter ces salades (idem pour les jeunes plants de choux) dans des planches travaillées et non couvertes (Désolé les puristes… Mais entre perfection et production, j’ai choisi). C’est beaucoup moins problématique en été, en général plutôt sec chez moi (donc peu de limaces).
De même, j’hésite fortement à semer des carottes sous un mulch. Outre le fait qu’il ne soit pas forcément aisé de semer dans une zone couverte (il faut écarter le paillis), les campagnols sont en effet nombreux chez moi… Et plus encore sous une fraîche couverture…
D’une manière générale, au printemps (pluies fréquentes) ou en automne, le mulch est risqué pour ce qui concerne les semis directs en pleine terre (outre les légumes racines, je pense ici plus particulièrement aux pois, dont les pousses tendres sont un régal pour nos amies les petites bêtes).
Et veillez à ce que vos plants élevés en pépinière soient déjà bien développés lorsque vous les plantez dans une zone déjà couverte (un plant plus endurci sera moins appétant pour les ravageurs).
Quels végétaux pour pailler ?
On me demande fréquemment : « Quel est le meilleur paillis ? »…
À dire vrai, le choix se fera avant tout en fonction des matériaux disponibles sur place ou à proximité. Il dépendra également du type de sol, et bien entendu, des cultures à protéger.
On distingue :
Les matériaux secs et grossiers :
Il s’agit notamment de la paille et des fougères. Ce sont des matériaux à décomposition lente qui conviennent particulièrement aux sols lourds (argileux). Car ils laissent passer l’air et absorbent l’eau (un peu comme une éponge).
Ce type de matériaux est idéal pour les fruits et légumes risquant de pourrir au contact du sol (courges, concombres, melons, fraises…).
Pour les cultures gourmandes, on pourra utilement, préalablement à la couche de paille, étaler du compost mûr.
Les matériaux humides à décomposition rapide :
Ce sont les herbes tendres et les fanes de légumes.
Plus particulièrement adaptés aux climats humides (effet protecteur insuffisant en zones arides), ces matériaux conviennent bien aux légumes dont les fruits ne reposent pas sur le sol.
Utilisez ces matériaux en fine couche (moins de 1 cm) afin d’éviter l’asphyxie et la prolifération d’animaux « nuisibles ».
Utilisez ce type de matières végétales avec précaution, particulièrement en terres argileuses.
Ces matériaux se décomposant rapidement, la couche doit être fréquemment renouvelée.
Ils constituent une nourriture rapidement (enfin, le temps de se décomposer) assimilable pour les plantes.
Les matériaux intermédiaires :
Les composts jeunes, les fanes de légumes ou les engrais verts en fin de cycle peuvent être utilisés pour tout type de légumes.
L’épaisseur de la couverture sera plus importante que pour les matériaux humides.
Préparer les matériaux pour le paillage
Les matières organiques destinées à enrichir le sol peuvent être broyées afin d’en accélérer la décomposition.
Par contre, celles plutôt destinées à protéger le sol seront épandues sans broyage préalable (meilleure aération).
Épaisseur de la couverture
D’une manière générale, plus le matériau est grossier et aéré (pailles), plus la couverture pourra être épaisse (5 cm ou plus).
Les matériaux plus fins (herbes, fanes de légumes) seront épandus sur quelques millimètres (1 cm maximum).
Sur sol lourd, épandez le paillage sur une épaisseur vraiment très fine. Renouvelez dès que la couverture aura pratiquement disparu.
Quand pailler ?
Le paillage au printemps
Travaillez le sol à la Grelinette (ou à la Campagnole, encore plus efficace et moins fatigante) ou biner avant de pailler. Vous obtiendrez ainsi une structure meuble et grumeleuse.
Désherbez et éclaircissez les cultures en place avant l’apport.
Attendez que la terre soit suffisamment réchauffée (fin avril/mai selon les régions et la météo du moment). En effet, un paillis épandu trop tôt nuira au réchauffement du sol et donc de la vie dans ce sol… Et par conséquent, au développement de la culture (je développe un peu plus cet impératif ici).
Toutefois, afin de ne pas laisser la terre à nu au printemps, n’hésitez pas à apporter, dès que possible, une couche de compost.
Outre son intérêt fertilisant pour les cultures à venir (ou déjà en place), cette couche initiale limitera les éventuels problèmes de faim d’azote pouvant résulter d’un paillage (Les micro-organismes chargés de la libération des éléments nutritifs pour les mettre à disposition des cultures sont alors accaparés par la décomposition des matières en place… Les cultures, ne disposant pas de cet élément indispensable à leur croissance, vont végéter).
Renouvelez la couverture au cours de l’été.
D’une manière générale, plus vous amènerez de matériaux diversifiés, mieux se sera !
Le paillage en automne
Une couverture organique protégera le sol des intempéries de l’hiver (pluies, gels) et nourrira les micro-organismes.
Tous les matériaux précédemment cités peuvent être utilisés.
Toutefois, en sol vraiment argileux, une couverture empêchera celui-ci de respirer.
Je vous recommande alors plutôt une culture d’engrais verts.
À défaut, travaillez grossièrement la terre à la Grelinette ou à la Campagnole. Les alternances de gel et dégel ameubliront naturellement le sol pendant l’hiver.
Pour les raisons de sol froid évoquées plus haut, ne commencez pas à pailler en hiver !
Le paillage progressif au potager (vidéo)
Je vous présente, en vidéo, la méthode de mulching que j’ai appelé « paillage progressif« .
Cette méthode répond au mieux aux impératifs et aux objectifs abordés plus haut.
La couverture du sol présente de nombreux intérêts.
C’est indéniable.
Compte tenu des périodes de canicules et de sécheresses, de plus en plus fréquentes et durables, pailler devient une pratique incontournable.
Et je vous encourage évidemment à couvrir le sol de votre jardin.
Mais attention.
N’en faites pas non plus un dogme !
Chaque culture a ses exigences, et chaque situation est particulière.
Observez, expérimentez, testez différentes façons de procéder…
Là sera la vérité de votre terre (et de votre climat).
Et c’est dans cet esprit d’apprentissage, de découvertes, et d’acquisition de connaissances, que je vous convie à la lecture de Mon Potager au Naturel.
Mais vous justement, quels matériaux utilisez-vous pour pailler votre potager ?
Quelles conclusions avez-vous pu tirer de vos propres expériences ?
Dites-nous tout dans les commentaires en bas de cette page.