Article proposé par Guénel Nathalie, co-fondatrice de Bestioles et compagnie – le booster naturaliste – et créatrice du Sommet de la biodiversité aux jardins, nous invite à observer la biodiversité dans nos jardins.
Nous en sommes maintenant tous convaincus, accueillir et préserver la biodiversité dans son jardin a de multiples avantages. Elle nous émerveille bien sûr. Elle est bénéfique pour notre santé. Mais elle est aussi une alliée incontournable de nos jardins. Auxiliaires ou pollinisateurs, insectes ou oiseaux, ils jouent tous un rôle au jardin et notamment au potager naturel.
Nous redoublons alors d’efforts pour les attirer chez nous ! Nous construisons les plus beaux nichoirs, stimulons notre créativité pour installer un hôtel à insectes aux multiples compartiments, creusons des mares, donnons plus de place aux herbes folles, etc.
MAIS, avez-vous seulement déjà observé ce qui vit déjà à vos côtés ? Ces installations sont-elles pertinentes et nécessaires ?
Au travers du Sommet de la biodiversité aux jardins, 21 passionnés ont expliqué comment observer la faune et la flore de son jardin.
Observer la Biodiversité dans le Jardin – Les Insectes
Vastes groupes aux formes et aux couleurs infinies, ces petites bestioles se cachent partout au jardin et passent souvent inaperçues.
Pour les détecter mieux vaut être méthodique.
Présents toute l’année sous une forme ou une autre, œufs, larves ou volants, nos chances de les voir (ou de les entendre !) sont meilleures aux beaux jours, disons entre mai et septembre. Les jardins ensoleillés du sud dévoileront toutefois ces merveilles dès février.
Ensuite, les observations seront facilitées près des massifs fleuris, sorte de cantine à tous les étages. David Genoud, l’un des passionnés interrogés pendant le Sommet, déambule par exemple de patch de fleurs en patch de fleurs pour rencontrer ses demoiselles ailées favorites : les abeilles ! 30 à 80 espèces peuvent être ainsi observées selon la région et le « niveau de vie » de votre jardin.
Les fleurs pourront aussi être l’assiette de quelques coléoptères comme la Cétoine dorée, le commun Syrphe ceinturé ou encore le Machaon, papillon qui apprécie particulièrement les ombellifères comme les carottes sauvages. Chacun choisira des fleurs aux corolles adaptées à leurs outils de collecte du nectar et du pollen, pollinisant ainsi méticuleusement tout ce qui peut l’être.
Mais les insectes sont aussi à rechercher sous les feuilles, sur les tiges, et même à la surface du sol, dans la litière. Tous les recoins sont utiles pour tout ou partie du cycle de leur vie. Une ponte de Paon du jour sera facilement dissimulée par une feuille d’ortie, sa plante hôte. Une tige sera intéressante pour les piqueurs-suceurs comme les punaises qui se délecteront de quelques gouttes de sève. Enfin, la litière grouillera de fourmis, ces aides précieuses dans la gestion du sol.
Effectivement, Matthieu Roffet nous expliquait que ces cousines des guêpes et des abeilles (toutes des hyménoptères), grâce aux nombreuses galeries qu’elles creusent pour développer leur colonie, aèrent le sol et facilitent aussi l’infiltration de l’eau dans toutes les directions, pour une hydratation facilitée. Son conseil, pour savoir si des colonies partagent notre jardin, est de déposer une goutte de miel à différents endroits. Au bout de 30 minutes environ, les premières curieuses devraient avoir trouvé ce « piège gustatif ». En les suivant, vous trouverez alors leur colonie.
Au-delà des sources d’alimentation, les gîtes sont indispensables au jardin pour abriter cette faune si précieuse. C’est alors que tout support posé au sol peut constituer un abri provisoire et permettre l’installation d’un groupe d’individus. Soulevez donc les pierres, les pots de fleurs ou encore ce parpaing posé là il y a déjà quelques semaines et vous trouverez certainement quelques corps chitineux ou poilus, entourés des trois paires de pattes.
Le compost ou le tas de bois constituent également des endroits privilégiés pour observer les larves de coléoptères, l’un des plus vastes groupes d’espèces au monde avec 400 000 espèces !
Observer la Biodiversité dans le Jardin – Les Autres Bestioles
Mais il n’y a pas que les insectes qui colonisent votre jardin et qu’il est possible d’observer.
Plus furtifs, et friands des amis grouillants dont on vient de parler, les reptiles peuvent être observés assez facilement… A condition de s’armer de patience et de choisir les meilleurs moments pour les observer. Vous savez, cette journée de printemps qui semble déprimante tant elle est grise et tiède ? Cette matinée qui ne veut décidément pas laisser le soleil pointer clairement le bout de son nez ?
Et bien bonne nouvelle ! Adieu ce regard maussade, impatient que le printemps revienne beau et clair, vous savez désormais que c’est LE meilleur moment pour partir en quête des reptiles de votre jardin.
Animaux ectothermes, ils ont besoin de se réchauffer pour être actifs. Leur température intérieure dépend de celle de leur environnement. Ils s’exposent donc le matin pour sortir de leur léthargie et choisissent à proximité de leur cachette, une pierre ou un morceau de bois qui faciliteront les échanges thermiques. Dès que le soleil est trop puissant, et l’ombre assez chaude, ils n’ont plus besoin de sortir de leur haie favorite. Ils gardent ainsi le mystère de leur présence jusqu’à l’année prochaine…
Mais si vous préférez regarder en l’air, des oiseaux vous y attendent sûrement ! Éventuellement plus faciles à observer, il est parfois délicat de savoir s’ils vivent vraiment à nos côtés et profitent des chenilles de notre potager.
Sébastien Lazzaroni, qui nous a ravis de son intervention au Sommet et de ses belles photos, détaille plusieurs comportements intéressants. Voici quelques exemples :
- L’observation d’un oiseau avec des brindilles dans le bec indique la construction d’un nid dans un environnement proche ;
- Le transport d’un sac cloacal (fèces) traduit indirectement la présence d’une nichée ;
- Des allers-retours fréquents entre votre jardin et une haie pourraient bien signifier un nourrissage en cours.
Une mésange ferait jusqu’à 400 allers-retours par jour pour nourrir ses jeunes, toujours le bec bien remplit. Voici autant d’indices en faveur d’un jardin-vivant, colonisé par les bêtes sauvages.
Observer avant d’agir
Ainsi, avant de dépenser de l’énergie à vouloir créer des gîtes artificiels (nichoirs, hôtel à insectes…), il est possible de savoir quelles bestioles vivent déjà chez nous. Parfait pour orienter vos actions et agir au plus pressé !
Cette information est aussi capitale si nous voulons éviter que nos bonnes intentions ne se transforment en calvaire de biodiversité…
L’exemple classique est d’installer une mare et d’attirer ainsi des amphibiens dont la double vie impose d’avoir un habitat terrestre, une haie par exemple, en plus d’un habitat aquatique utilisé pour leur courte période de reproduction. Si ces deux habitats sont séparés par une route, les risques d’écrasements sont bien réels et d’un oasis votre jardin se transforme en cimetière…
Mais l’on pourrait également citer ce nichoir ajouté au mauvais endroit et qui fait concurrence au couple de rouges-gorges déjà installé depuis longtemps… Ou encore ce gîte à chauves-souris posé trop près du rebord de fenêtre préféré de notre bon vieux Félix…
L’observation et la compréhension semblent bien un préalable indispensable à toute action au jardin, si généreuse soit-elle.
Et quel plaisir de constater que la biodiversité est partout, même là où on la croirait disparue ! Quelle chance d’observer cette vie qui s’agite sans que nous en soyons responsables !
À vos loupes et jumelles
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