La mouche de la carotte

Présentation de la mouche de la carotte

Avant de voir les moyens naturels de protection contre la mouche de la carotte, commençons par faire mieux connaissance avec ce « ravageur » (probablement le plus fréquent sur ce légume).

Et si vous en cultivez depuis quelques années dans votre potager, vos carottes ont probablement déjà été attaquées et abîmées par la larve de cette petite mouche..

La mouche de la carotte (Psila rosae) est un insecte diptère (Ordre d’insectes caractérisés par une seule paire d’ailes membraneuses. On y trouve notamment les mouches, les moustiques, les taons, les syrphes ou encore les moucherons).

Cette mouche, de petite taille (4-5 mm de long), s’attaque principalement aux plantes de la famille des ombellifères (aujourd’hui appelées apiacées) : carotte, céleri, cerfeuil, panais, persil, fenouil, coriandre… Cette préférence nous servira par la suite…

Elle se réfugie, en avril-mai, dans la végétation haute (notamment des haies), dans laquelle elle va pouvoir se nourrir de pollen et de nectar, et s’accoupler.

La mouche va ensuite voler en rase-mottes, se guidant à l’odeur caractéristique de la carotte (ou autres ombellifères) et semble t-il également par la couleur du feuillage de cette dernière.

Pupe et larve mouche de la carotte
Pupe (à gauche) et larve (à droite) de la mouche de la carotte – Crédit photo : omafra

Elle pond, une cinquantaine d’œufs, dans le sol, à proximité immédiate du collet des carottes.

Et, comme la plupart du temps avec les insectes, c’est sa larve qui va engendrer des dégâts sur nos cultures…

En effet, la larve, un petit asticot blanchâtre, va pénétrer dans les racines et y creuser des galeries (c’est ainsi qu’elle se nourrit).

La larve se transformera ensuite en pupe… d’où naîtra une seconde génération d’insectes (entre fin juillet et début novembre selon les régions).

Protéger les carottes de la mouche

Mesures préventives de protection contre la mouche de la carotte

Lorsque les larves dont déjà présentes sur les carottes, il n’y a plus grand chose à faire.

C’est donc en préventif qu’il convient d’agir.

 

Préserver la biodiversité

Vous n’échapperez pas à cette recommandation habituelle !

Oui… Le premier moyen de protection contre la mouche consiste à préserver la biodiversité au sein et autour de votre potager.

Car c’est ainsi que les populations seront naturellement équilibrées.

Mais pas seulement…

Nous avons en effet vu que la carotte appréciait les plantes de la famille des ombellifères.

Or, cette famille compte quelques espèces sauvages courantes. Citons notamment la ciguë (petite et grande), l’angélique, la carotte sauvage ou encore la grande berce.

Aussi, en laissant des zones sauvages au sein même ou autour de votre potager, il y a de fortes chances que certaines espèces d’ombellifères s’y développent…

Et si elles se trouvent sur le trajet de vol de la mouche, peut-être alors que cette dernière aura la bonne idée de s’y arrêter pour y pondre sa progéniture, plutôt que d’aller jusqu’à vos carottes…

Certains m’objecteront qu’il faut au contraire éliminer systématiquement toutes ces plantes hôtes sauvages… Car elles constituent un refuge pour la mouche, contribuant ainsi à sa reproduction. C’est vrai…

Mais je privilégie toujours cette approche se basant sur une recherche globale d’équilibre à celles se basant sur une utopique maîtrise de la Nature (et qui consiste dans les faits à détruire).

Et la mouche de la carotte fait elle aussi partie de la biodiversité, n’en déplaise à certains.

Voici d’ailleurs ce que l’on peut lire sur wikipédia à propos des insectes diptères :

Malgré le caractère désagréable ou dangereux de certaines espèces, la plupart jouent un rôle écologique important. Non seulement, elles participent pour une large part à l’élimination des excréments (espèces coprophages) et des cadavres (espèces nécrophages), mais leurs larves qui vivent souvent dans le sol produisent des quantités importantes d’humus.

Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons faire reposer toute notre stratégie de protection contre les dégâts engendrés par cette larve sur cette simple idée d’équilibre…

Il est donc important de mettre en œuvre quelques actions préventives.

 

Semer tardivement les carottes

La première génération pond entre mai (dans le sud de la France) et juin (dans le nord).

Des semis plus tardifs (juin-juillet dans le sud et juillet dans le nord) permettront d’éviter cette période de ponte… Et les carottes semées alors seront préservées (en tout cas dans leur phase initiale de développement… Car il y a une deuxième génération possible).

Mais bon… Si comme moi, vous appréciez les petites carottes tendres dès le printemps, cette solution n’est pas satisfaisante.

 

Choisir ses variétés de carottes

La mouche semble apprécier plus particulièrement certaines variétés de carottes.

Dégâts mouche carotte
Galeries creusées par le ver de la carotte

Chez moi, j’ai constaté que la carotte nantaise, ou la Touchon, était moins attaquée que la Colmar par exemple… Mais je pense que l’on ne peut faire une généralité de cette observation. En effet, la période de semis, mais aussi le terroir, jouent aussi probablement un rôle (pour une même variété, le parfum dégagé ne sera pas le même selon le type de sol…).

Il vous appartient donc de tester différentes variétés et de faire vos propres observations.

Et, à partir de votre constat, vous pouvez décider de « sacrifier » une variété très appréciée par le ver de la carotte (la larve de la mouche). Pour cela, cultiver cette variété par exemple en bordure de votre potager… La mouche s’y arrêtera, laissant tranquilles les autres variétés.

Mais ne vous dites pas « je ne vais cultiver que des variétés moins attirantes pour la mouche… ». Car elles se contenteront alors des variétés à disposition !

 

Perturber l’odorat de la mouche de la carotte

Pour venir pondre sur sa plante hôte favorite, la mouche se repère principalement grâce à son odorat.

Association carottes poireaux
L’association carottes-poireaux est une mesure préventive plutôt efficace pour protéger ces cultures de leurs mouches respectives…

Perturber cet odorat est donc un moyen préventif plutôt efficace.

Pour ce faire, nous allons utiliser des plantes particulièrement odorantes :

  • Alternez vos rangs de carottes avec des poireaux, de l’oignon ou de l’ail ;
  • Semez, conjointement aux carottes quelques graines d’aneth, de coriandre, d’œillet d’Inde ;
  • Cultivez, en bordure de vos planches de culture de carottes, de l’absinthe, de la tanaisie ou encore de la lavande ;
  • En cours de culture, déposez entre les rangs de carottes, des branchages de ces mêmes plantes odorantes, ou de sureau et de fougères par exemple ;
  • Pulvérisez régulièrement sur les carottes une décoction de tanaisie, ou mieux une décoction d’absinthe.

De même, pour perturber l’odorat de la mouche de la carotte, vous pouvez épandre dans vos sillons de semis, un peu de marc de café ou d’algues marines. Et continuez régulièrement à épandre ces répulsifs naturels entre les rangs de carottes.

 

Mettre en place une barrière physique contre la mouche de la carotte

La mouche vient pondre dans le sol, à proximité immédiate des carottes…

Il est donc possible de l’empêcher de venir y pondre, tout simplement en plaçant, du semis à novembre, une barrière physique au-dessus la culture.

Il peut s’agir d’un simple voile de forçage ou d’un filet anti-insectes à mailles fines (1 mm maximum).

Posez simplement cette protection sur vos cultures de carottes, ou sur des arceaux de tunnels nantais.

Mais, dans un cas comme dans l’autre, veillez à ce qu’aucune entrée ne soit possible. La mouche volant en rase-mottes, le voile, ou le filet, doit donc être bien arrimé au sol (avec des poids).

C’est là la protection la plus efficace… Mais pas la plus pratique (il faut enlever le voile à chaque opération de désherbage).

Pour éviter cette contrainte, le filet, ou le voile, peut également être disposé, autour de la planche de culture accueillant les carottes, à la verticale, sur au moins 50 cm de hauteur (mais là aussi, veillez à ne laisser aucun passage en bas…).

Dans la même idée de barrière physique, une autre solution consiste à pailler la culture de carottes. Ce qui empêchera la mouche de venir pondre dans le sol… Mais cette approche risque d’avoir d’autres conséquences négatives, avec en particulier, les ravages de limaces… Pour cette raison, je ne paille que tardivement mes semis printaniers de carottes, donc après les premiers vols de la mouche… Cela représente toutefois une protection non-négligeable pour la deuxième génération de mouches.

Traitements naturels contre la mouche de la carotte

Il existe bien des insecticides biologiques, à utiliser lors des périodes de vol de la mouche de la carotte, notamment à base de Bacillus Thuringiensis… Mais comme vous le savez déjà si vous me suivez depuis un moment, je me refuse à tout emploi de produits létaux dans mon potager naturel… Ceci toujours afin d’y préserver au mieux la biodiversité.

Alors, ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus à ce sujet…

Disons enfin que, lorsque les larves sont déjà présentes dans les carottes, il n’y a malheureusement plus grand chose à faire…

C’est donc bien par des mesures naturelles préventives qu’il convient d’agir.

Mais c’est là un mot d’ordre général en jardinage naturel (en tout cas ça devrait l’être).

 

À vos claviers !

Posez vos questions, partagez vos expériences (bonnes ou mauvaises…) avec la mouche de la carotte, ou dites simplement un petit merci (ça fait toujours plaisir…) dans les commentaires ci-dessous (pas par email SVP…).

S’abonner
Notification pour
guest
15 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
    0
    Votre panier
    Votre panier est videRetourner sur la boutique
      Calculer les frais de livraison